Rebaptisé The Landmark sous pavillon LVMH, le flagship iconique de la marque joaillière, datant de 1940 – indissociable du chef d’œuvre cinématographique de Blake Edward avec Audrey Hepburn – a rouvert le 28 avril. Fort de quatre années de travaux intensifs, sous la direction de Peter Marino, l’écrin réserve une expérience privilégiée sous bien des facettes.
Dix étages ultra-luxe
“How Do I Look? Very Good, I must say I’m amazed!” (De quoi ai-je l’air ? Très bien, je dois dire que je suis stupéfait). Ces quelques lignes de dialogue entre Holly Golightly et Paul Varjak – alias Audrey Hepburn et George Peppard – dans le film Breakfast at Tiffany’s (Diamants sur Canapé) de Blake Edward (1961) pourrait résumer l’impression ressentie devant les travaux accomplis par le groupe LVMH pour moderniser cette adresse emblématique du joaillier de “Big Apple”. Soit en tout 110 000 m² sur dix étages au 727 de la cinquième avenue.
Pour sa toute première rénovation d’ampleur depuis son ouverture, 83 ans plus tôt, la boutique de Tiffany & Co, rebaptisée The Landmark (le monument, le point de repère) – LVMH a mis les moyens pour restituer le faste de ce que le groupe n’hésite pas à appeler “le joyau de la couronne de New York”.

Une rumeur veut que ces travaux titanesques – lancés au printemps 2019 et dont la livraison a été retardée par la pandémie – soient le plus grand investissement consenti à un seul magasin de toute l’histoire du groupe LVMH.
La somme engagée n’a toutefois pas été révélée. Reste que des analystes financiers estiment la rénovation à plus ou moins 500 millions d’euros. Refusant de confirmer le montant de l’opération, le président du groupe Bernard Arnault a rétorqué : “Vous ne pouvez pas rêver en parlant de nombres. Quand vous créez du désir, les profits ne sont que la conséquence.”
Ce réaménagement hors-norme a été lancé en 2018 par l’ancienne équipe managériale de Tiffany & Co, avant de passer sous la supervision du groupe LVMH depuis l’acquisition de la Maison joaillière en 2021 pour 15,8 milliards de dollars.
Le groupe LVMH a ensuite confié la réalisation à deux géants de l’architecture. Il y a eu d’abord Peter Marino, architecte d’intérieur de renom et collectionneur, connu pour avoir conceptualisé et réaménagé maints flagships du groupe dont le fameux Dior 30 Montaigne. Ce dernier s’est chargé de rénover le design intérieur de la boutique.
Il a été épaulé dans sa tâche par OMA New York. Cette agence d’architecture, fondée par Rem Koolhaas a chargé l’architecte japonais Shohei Shigematsu de rénover le cœur du bâtiment ainsi que l’infrastructure technique.
Initialement prévue après sa livraison courant du quatrième trimestre 2021, son ouverture a été repoussée en raison de la mise à l’arrêt des chantiers non essentiels en pleine pandémie.

Le résultat est, selon la marque, un intérieur immersif donnant accès à un “nouveau monde merveilleux”.
Le client est d’abord accueilli au premier étage par un mur de vidéos aux allures de grandes baies vitrées. Celles-ci diffusent par intermittence des vues de Central Park ou encore de la Skyline de Manhattan. Ces écrans peuvent également être désactivés pour devenir de simples doubles miroirs.
Au plafond, le visiteur peut contempler une œuvre de 22 mètres, “Diamond Skylight”, réalisée par Hugh Hutton, hommage à la réputation de Tiffany comme fournisseur des plus beaux diamants du monde. Le parquet au sol rappelle l’aménagement 1940 des origines du bâtiment. Dans cet espace, sont exposées les collections les plus tendances de la Maison comme Tiffany Lock et Tiffany T.
Le troisième étage, décoré de panneaux muraux en soie couleur ivoire, rappelant les robes de mariée – est entièrement dédié au produit phare de Tiffany & Co : les bagues de fiançailles. Un escalier en colimaçon, inspiré de Elsa Peretti – l’ex-directrice artistique de la Maison – disposant de balustrades transparentes rehaussées de pierres en cristal, permet de gravir les autres étages de la boutique, jusqu’au huitième. Une version revisitée de la fameuse statue mythologique d’Atlas supportant l’horloge par Henry Frederick Metzler (1853) – visible sur la façade du bâtiment – toise la base de l’escalier. Pour les moins sportifs, un réseau d’ascenseur dessert aussi l’ensemble des étages de la boutique.
Le client désireux de découvrir les collections argent, art de vivre et haute joaillerie, devra se rendre respectivement aux 5ème, 6ème et 7ème étages.

Le restaurant, le fameux Blue Box Café – inauguré par Tiffany en version pop up store en 2017 puis exporté à Londres chez Harrods durant les travaux – a retrouvé son lieu d’origine mais cette fois-ci avec le chef étoilé Daniel Boulud. Réaménagé, il dispose désormais d’une salle à manger privative ainsi que d’un bar doté d’une installation artistique.
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Photo à la Une :© Tiffany & Co