Ancien patron du pôle horloger de LVMH, considéré par ses pairs (à raison) comme un « as du marketing », et figure de l’industrie horlogère suisse, Jean-Claude Biver a notamment participé au redressement de grandes Maisons telles que Tag Heuer, Omega ou encore Hublot. En 2019, à tout juste 70 ans, il prend sa retraite, mais pas pour longtemps. Lors du Salon Watches and Wonders, en mars dernier, il a annoncé au monde si convoité de l’horlogerie, le lancement de sa marque, simplement baptisée Biver. Il s’est livré à Luxus + sur ce nouveau projet familial, auquel il a rallié son fils Pierre de 24 ans.
Luxus plus : À quel moment avez-vous ressenti que le moment de lancer votre propre maison d’horlogerie était venu ?
Jean-Claude Biver : L’envie m’est venue d’une manière presque viscérale. Lorsque je suis parti à la retraite, j’étais jeune, j’avais 70 ans. Je me suis alors aperçu que mon métier, ma passion, ne pouvaient pas se mettre à la retraite. Pour moi, l’horlogerie n’a jamais été un simple travail. Parfois, je pouvais travailler 80 heures par semaine. C’est comme un enfant qui joue et qui ne voit pas le temps qui passe. Après mon départ à la retraite, je me suis aperçu que ce qui me faisait vivre, ce qui me procurait des émotions, avait disparu. Pour moi, le travail, c’est l’exercice de ma passion, et j’ai donc eu l’idée de lancer ma propre marque. Je suis parti dans une nouvelle direction, qui est double : exercer ma passion sans limites et par la même occasion, la transmettre à mon fils. Il a fallu que je surmonte mes doutes pour me lancer, et enfin officialiser l’annonce à la radio. Soit la naissance, pour la première fois de l’histoire, de la marque Biver. Aujourd’hui, nous voyons la réalisation de ce que nous avons fait. Pour mon plus grand plaisir, Biver a déjà du succès et les avis sont excellents. Je dirais même que nous sommes bien partis. Nous avons une production de 15 montres pour cette année et 23 sont déjà vendues.
LP : Cela a-t-il été difficile de convaincre votre fils de vous suivre dans cette aventure ?
J-C Biver : Cela a surtout été difficile de convaincre ma femme de le laisser partir. Elle voulait qu’il finisse ses études. Selon moi, ce n’était pas nécessaire parce qu’à mes côtés, il apprendra plus que s’il termine ses études. Et comme il était déjà passionné par l’horlogerie, cela n’a pas été très compliqué de le convaincre.
© Sébastien Agnetti
LP : En tant que passionné, êtes-vous exigeant ?
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Photo à la une : © Biver