« Il y a une Fashion week ? » La pandémie a privé les mannequins du podium et de la liberté du mouvement. Et si certaines bénéficient d’une concurrence moindre, elles regrettent toutes l’énergie des défilés que rien ne remplace pour propulser leur carrière.
Christelle Yambayisa n’a pas chômé dès le premier confinement en mars dernier : des voyages à Milan, en Suède ou en Pologne pour des campagnes publicitaires, un look book d’Issey Miyake à Paris… « Il n’y a pas moins de travail », confie-t-elle. Mais le métier n’est plus le même.
« Je n’ai rien gagné pendant six mois »
« Il y a une Fashion week début mars ? Je ne savais pas du tout », plaisantait Christelle à quelques jours de la semaine du prêt-à-porter femme à Paris qui débute lundi, de nouveau virtuelle.
Des films présentent désormais les collections. Financièrement, c’est aussi moins intéressant. « On faisait minimum 4 000 euros pendant la Fashion week, jusqu’à 50 000 euros pour certaines. C’était un moment sacré », se souvient Christelle Yambayisa.
Pour la mannequin turque Oyku Bastas basée à Istanbul et qui depuis cinq ans a fait les Fashion weeks à Paris, Milan, Londres et New York, la crise sanitaire est « hyper dure » à vivre.
« Je n’ai rien gagné pendant six mois », raconte-t-elle. Elle gagnait auparavant 6 à 7 000 euros par Fashion week à Paris, ce qui lui permettait de vivre et poursuivre ses études « trois mois après ». « J’étais en Turquie, toutes les frontières ont fermé, les consulats ont arrêté de travailler ». Profitant de son visa américain, elle travaille depuis un mois à New York où elle participe à des séances photo.
Des mannequins particulièrement exposés au virus
En France, il est difficile d’obtenir des aides pour les mannequins qui ont le statut de salarié très peu adapté à leur métier, regrette Ekaterina Ozhiganova, mannequin et fondatrice de l’association Model Law qui défend les droits des mannequins.
Une cinquantaine de CDD parfois d’une durée d’un seul jour sont impossibles à rentrer sur le site du Pôle Emploi et le nombre d’heures travaillées sur le territoire français requis pour être éligible à l’aide est insuffisant, même pour les plus actives. Très international, le milieu de la mode s’est rétréci face au Covid.
Par ailleurs, ne portant pas de masque, les mannequins sont particulièrement exposés. Quatre ont confié avoir attrapé le Covid lors de la Fashion week en septembre à Paris.
Ils sont touchés par les maquilleurs qui appliquent souvent des produits avec leurs mains. Les protocoles se sont depuis durcis et des maisons exigent désormais un test PCR de 48 heures pour tous avant d’accéder au site de travail. Oyku fait deux tests par semaine, Christelle en est à 39 tests PCR.
Source : AFP
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