Après l’annonce ce lundi d’un accord entre Farfetch et le Sud-coréen Coupang, le groupe Richemont, propriétaire de Cartier, a fait savoir dans un communiqué qu’il abandonnait son projet de vendre Yoox Net-A-Porter (YNAP) au leader mondial du e-commerce de luxe.
L’annonce du groupe suisse intervient après que le géant sud-coréen du commerce électronique Coupang a déclaré plus tôt dans la journée de lundi qu’il envisageait d’acheter le détaillant en ligne Farfetch, permettant à la plateforme de disposer de 500 millions de dollars (457 millions de dollars) pour poursuivre son activité.
Un accord a été passé en ce sens avec un groupe d’investisseurs qui détenait plus de 80 % des prêts à terme en cours de Farfetch, par Coupang, accompagné par la société d’investissement Greenoaks. Farfetch a, lui, été conseillé par JPMorgan.
Coté à la Bourse de New York, Coupang fait partie des leaders mondiaux du e.commerce. Il a développé des services de livraison de nourriture, de streaming vidéo et de paiement en Asie (Corée du Sud, Taïwan, Singapour, Chine et Inde).
« Farfetch se consacrera à nouveau à fournir l’expérience la plus élevée pour les marques les plus exclusives du monde », a déclaré le fondateur et directeur général de Coupang, Bom Kim, dans un communiqué. Il a aussi indiqué que son expertise en matière de logistique, alliée à l’expérience de Farfetch dans la vente de marques haut de gamme, lui permettrait de se développer en Corée du Sud, un marché porteur pour le luxe.
Vente de Yoox Net-à-Porter abandonnée
De son côté, Richemont avait convenu l’an dernier de vendre à Farfetch une participation de 47,5% dans Yoox Net-A-Porter avec l’option pour la plateforme cotée en Bourse d’acheter ultérieurement 100% des parts.
L’accord prévoyait également que le promoteur du Dubai Mall, Mohamed Alabbar, prenne une participation de 3,2 % dans Farfetch par le biais de son véhicule d’investissement Symphony Global.
« En raison de la transaction envisagée annoncée par Farfetch le 18 décembre 2023, les accords annoncés en août 2022 ne peuvent être menés à bien » , a déclaré Richemont lundi.
« Par conséquent, Richemont, Farfetch et Symphony Global, l’un des véhicules d’investissement de M. Mohamed Alabbar, ont mis fin aux accords » .
Richemont explique qu’il va réévaluer les options pour YNAP « afin d’exploiter au mieux ses forces et son potentiel sous une nouvelle direction » .
Le groupe suisse envisage désormais d‘autres options pour alimenter le commerce électronique de ses Maisons, notant qu’elles continuent d’opérer aujourd’hui avec leur propre technologie. Richemont possède une vingtaine de marques de luxe, évoluant essentiellement dans l’horlogerie-joaillerie (Cartier, Van Cleef & Arpels…) mais aussi dans la mode (Chloé, Azzedine Alaia…) et les instruments d’écriture (Montblanc).
Un prêt de 300 millions de dollars abandonné
Richemont a perdu des plumes dans l’opération Farfetch : il s’attend à ne pas être remboursé d’un prêt de 300 millions de dollars accordé à la plateforme fin 2020.
Longtemps considérée comme une success story exceptionnelle du e.commerce, Farfetch, fondée en 2008 par l’entrepreneur portugais José Neves, a perdu de sa superbe. La décrue post-covid du commerce en ligne et le ralentissement récent du marché du luxe en Chine et aux Etats-Unis ont accéléré son décrochage.
La plate-forme n’est pas la seule à connaître des difficultés. De son côté, selon le média Miss Tweed, le rachat de Matchesfashion, le e commerçant de mode premium britannique, par le détaillant britannique Frasers serait sur le point d’être annoncé. Le groupe Frasers n’aurait proposé qu’environ 80 millions de livres sterling à son propriétaire actuel, la société de capital-investissement Apax Partners. Celle-ci avait aligné 780 millions de livres sterling pour mettre Matchesfashion dans son escarcelle en 2017…
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