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La marque française de chaussures Clergerie a été placée en redressement judiciaire mercredi 29 mars par le tribunal de commerce de Paris. Réputée pour son savoir-faire et ses modèles raffinés, l’entreprise traverse une période compliquée depuis trois ans. Pourquoi un tel revers et quel sort attend le fabricant de luxe ?
L’industrie française de la chaussure a pris un coup après l’annonce du placement en redressement judiciaire de Clergerie par le tribunal de commerce de Paris. Le fabricant, installé à Romans-sur-Isère dans la Drôme, n’a pas réussi à trouver de « solutions in bonis » lors de la « procédure de conciliation ouverte » entre ses actionnaires et créanciers. Un mauvais état de la trésorerie ainsi qu’un niveau élevé de pertes, expliquent aussi ce triste dénouement.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que l’entreprise fondée en 1981 par Robert Clergerie connait une phase difficile. Par l’intermédiaire de First Heritage Brands (FHB), le fonds chinois Fung Capital avait repris la PME romanaise en 2011, avant d’être cédée en 2020 au fonds Mirabaud Patrimoine Vivant. L’entreprise présentait alors une « situation financière saine », selon le communiqué. French Legacy Group, une filiale du fonds présidée par Jérôme Espinos, avait été chargée de gérer la griffe, avec l’ambition d’en refaire « la référence de la chaussure de luxe française ».
Responsabilité géopolitique
En proie à des difficultés financières depuis 2020, les ventes à l’export de Clergerie ont notamment été plombées par la crise du Covid-19, particulièrement en Chine.
« Malgré une forte croissance, nous avons été pris dans un effet ciseau », ont expliqué au Dauphiné Libéré Jérôme Espinos, président de French Legacy Group et Dominique Bernard, représentant du fonds Mirabaud Patrimoine Vivant, « Nous avons effectué des investissements importants, notamment en ouvrant des boutiques en Chine, mais la situation internationale a changé la donne. Quelques mois après l’ouverture de nos boutiques là-bas, la Chine a lancé sa politique zéro Covid et a été très stricte sur les confinements. »
Par ailleurs, du fait de la guerre en Ukraine, l’entreprise a perdu des clients importants en Russie. Cette dernière a aussi freiné l’afflux de touristes dans ses boutiques (treize, dont six en France) et renchéri les coûts de fabrication dans son usine historique de Romans-sur-Isère.
« Si l’on ajoute à cela l’inflation, la hausse des prix des matières premières et des délais de livraison, plusieurs de nos marchés ont été impactés. Nous nous sommes trouvés avec des coûts importants sans avoir les recettes en face. »
Malgré ces obstacles, la marque a toutefois maintenu son chiffre d’affaires à 20 millions d’euros.
Plan de cession et suppression d’emplois
Selon Jérôme Espinos et Dominique Bernard, French Legacy Group, l’actionnaire principal n’a pas l’intention de se débarrasser de Clergerie. Un administrateur judiciaire a été désigné pour élaborer un plan de reprise.
« Nous sommes plutôt à la recherche d’autres actionnaires qui voudraient nous accompagner dans ce projet. Il est possible que nous présentions un projet de reprise, mais il reviendra au tribunal de commerce d’étudier les différentes offres et de faire son choix en fonction des projets des uns et des autres. »
En décembre dernier, les bâtiments de l’usine romanaise ont été vendus mais cela n’a pas suffi pour améliorer la trésorerie. Clergerie pourrait ainsi opter pour d’éventuelles suppressions d’emplois. Son usine emploie environ 120 de ses 150 salariés.
« La marque Clergerie a non seulement une très belle notoriété, mais elle a surtout des employés qualifiés, motivés et au savoir-faire unique. C’est le dernier fabricant français de chaussures. »
La France ne compte plus que quelques autres usines de chaussures en cuir, comme Weston, à Limoges, Heschung, en Alsace, Repetto, dans le Lot ou Paraboot en Isère. À la différence de la maroquinerie, cette industrie ne bénéficie pas de la notoriété du Made in France. En effet, les grands groupes de luxe préférent solliciter les ateliers italiens pour leurs lignes de chaussures.
Lire aussi >La Filière Française du Cuir dévoile ses résultats du commerce extérieur en 2022
Photo à la Une : © Clergerie[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row njt-role= »not-logged-in »][vc_column][vc_column_text]
La marque française de chaussures Clergerie a été placée en redressement judiciaire mercredi 29 mars par le tribunal de commerce de Paris. Réputée pour son savoir-faire et ses modèles raffinés, l’entreprise traverse une période compliquée depuis trois ans. Pourquoi un tel revers et quel sort attend le fabricant de luxe ?
L’industrie française de la chaussure a pris un coup après l’annonce du placement en redressement judiciaire de Clergerie par le tribunal de commerce de Paris. Le fabricant, installé à Romans-sur-Isère dans la Drôme, n’a pas réussi à trouver de « solutions in bonis » lors de la « procédure de conciliation ouverte » entre ses actionnaires et créanciers. Un mauvais état de la trésorerie ainsi qu’un niveau élevé de pertes, expliquent aussi ce triste dénouement.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que l’entreprise fondée en 1981 par Robert Clergerie connait une phase difficile. Par l’intermédiaire de First Heritage Brands (FHB), le fonds chinois Fung Capital avait repris la PME romanaise en 2011, avant d’être cédée en 2020 au fonds Mirabaud Patrimoine Vivant. L’entreprise présentait alors une « situation financière saine », selon le communiqué. French Legacy Group, une filiale du fonds présidée par Jérôme Espinos, avait été chargée de gérer la griffe, avec l’ambition d’en refaire « la référence de la chaussure de luxe française ».
Responsabilité géopolitique
En proie à des difficultés financières depuis 2020, les ventes à l’export de Clergerie ont notamment été plombées par la crise du Covid-19, particulièrement en Chine.
« Malgré une forte croissance, nous avons été pris dans un effet ciseau », ont expliqué au Dauphiné Libéré Jérôme Espinos, président de French Legacy Group et Dominique Bernard, représentant du fonds Mirabaud Patrimoine Vivant, « Nous avons effectué des investissements importants, notamment en ouvrant des boutiques en Chine, mais la situation internationale a changé la donne. Quelques mois après l’ouverture de nos boutiques là-bas, la Chine a lancé sa politique zéro Covid et a été très stricte sur les confinements. »
Par ailleurs, du fait de la guerre en Ukraine, l’entreprise a perdu des clients importants en Russie. Cette dernière a aussi freiné l’afflux de touristes dans ses boutiques (treize, dont six en France) et renchéri les coûts de fabrication dans son usine historique de Romans-sur-Isère.
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La marque française de chaussures Clergerie a été placée en redressement judiciaire mercredi 29 mars par le tribunal de commerce de Paris. Réputée pour son savoir-faire et ses modèles raffinés, l’entreprise traverse une période compliquée depuis trois ans. Pourquoi un tel revers et quel sort attend le fabricant de luxe ?
L’industrie française de la chaussure a pris un coup après l’annonce du placement en redressement judiciaire de Clergerie par le tribunal de commerce de Paris. Le fabricant, installé à Romans-sur-Isère dans la Drôme, n’a pas réussi à trouver de « solutions in bonis » lors de la « procédure de conciliation ouverte » entre ses actionnaires et créanciers. Un mauvais état de la trésorerie ainsi qu’un niveau élevé de pertes, expliquent aussi ce triste dénouement.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que l’entreprise fondée en 1981 par Robert Clergerie connait une phase difficile. Par l’intermédiaire de First Heritage Brands (FHB), le fonds chinois Fung Capital avait repris la PME romanaise en 2011, avant d’être cédée en 2020 au fonds Mirabaud Patrimoine Vivant. L’entreprise présentait alors une « situation financière saine », selon le communiqué. French Legacy Group, une filiale du fonds présidée par Jérôme Espinos, avait été chargée de gérer la griffe, avec l’ambition d’en refaire « la référence de la chaussure de luxe française ».
Responsabilité géopolitique
En proie à des difficultés financières depuis 2020, les ventes à l’export de Clergerie ont notamment été plombées par la crise du Covid-19, particulièrement en Chine.
« Malgré une forte croissance, nous avons été pris dans un effet ciseau », ont expliqué au Dauphiné Libéré Jérôme Espinos, président de French Legacy Group et Dominique Bernard, représentant du fonds Mirabaud Patrimoine Vivant, « Nous avons effectué des investissements importants, notamment en ouvrant des boutiques en Chine, mais la situation internationale a changé la donne. Quelques mois après l’ouverture de nos boutiques là-bas, la Chine a lancé sa politique zéro Covid et a été très stricte sur les confinements. »
Par ailleurs, du fait de la guerre en Ukraine, l’entreprise a perdu des clients importants en Russie. Cette dernière a aussi freiné l’afflux de touristes dans ses boutiques (treize, dont six en France) et renchéri les coûts de fabrication dans son usine historique de Romans-sur-Isère.
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