L’inclusivité, point faible de l’industrie du luxe?

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Attaqué maintes et maintes fois pour des produits, propos ou concepts discriminatoires, le monde du luxe et plus précisément celui de la mode cherchent à inverser cette opinion public à travers des changements profonds de ses pratiques managériales à l’heure de l’inclusivité.

 

Le secteur du luxe fait depuis un certain temps, avec l’évolution de la société, l’objet de nombreuses polémiques vis à vis de sa politique d’inclusivité, en termes de diversité ethnique, de représentation des femmes, d’employés handicapés ou ayant un âge supérieur à l’âge médian.

 

En effet, le monde du luxe a un train de retard par rapport aux autres secteurs, tout comme la mode de manière générale. Scandales et attaques se sont ainsi multipliés envers les grands groupes et leurs marques, phénomène du à un public dont le souhait d’une représentation plus juste de notre société sur les podiums s’est amplifié.

 

Qui ne se rappelle pas de la figurine Prada baptisée Otto représentant un petit singe noir avec d’énormes lèvres rouges et qui a suscité la polémique sur les réseaux sociaux ? Ou du scandale « Blackface » vis à vis de Gucci causé par un pull noir au col montant orné d’une grosse bouche rouge ? Ou alors quand Dolce&Gabbana, accusé également de racisme, s’est mis à dos la population chinoise  ?

 

Pour mettre fin à leur mauvaise réputation et la détérioration de leur image, les marques ont tour à tour décidé d’effectuer des changements managériaux, des changements de stratégie marketing et de communication, en mettant au premier plan les critères d’inclusion, notamment ceux liés au physique, l’âge, l’orientation sexuelle ou l’ethnicité. 

 

Un nouveau poste est ainsi né au sein de presque toutes les entreprises de luxe : responsable de la diversité et de l’inclusion. La diversité des mannequins est devenue une des priorités, que ce soit lors des défilés, sur les publicités ou encore sur les réseaux sociaux. Les marques ont également commencé à faire attention au niveau d’éducation de leurs employés, et à la représentation de toutes les diversités au sein de l’entreprise.

 

Gucci a donc ouvert le pas au début de l’année 2019 et a annoncer le recrutement d’un directeur monde pour la diversité et l’inclusion, Renée E. Tirado. À noter que cette dernière occupait déjà ce poste dans le monde du sport pour la Major League Baseball. La marque a également lancé un programme de bourse d’études à New York, Pékin ou encore Nairobi permettant à des personnes dont le parcours est éclectique de trouver une place au sein de Gucci.

 

Prada a suivi et a récemment nommé son premier responsable de la diversité, suite au scandale précité qui avait suscité l’enquête de la Commission des droits de l’homme de New York sur ses pratiques en termes de diversité et d’intégration. Les dirigeants de l’entreprise ont également du effectuer une formation d’équité raciale.

 

C’est l’année dernière que la maison italienne a créé un conseil consultatif sur la diversité et l’inclusion, co-présidé par Theaster Gates et Ava DuVernay. Et en octobre, Malika Savell est devenue la première responsable de la diversité, de l’équité et de l’inclusion pour l’Amérique du Nord.

 

Quelques semaines plus tard, c’est au tour des maisons Burberry et Chanel d’en faire de même.

 

« L’amélioration de l’inclusion et de la diversité est une opportunité permanente pour Chanel (…). Nous continuerons à nous concentrer sur de nouveaux programmes pour démontrer notre compréhension de tous les aspects de la diversité, y compris la diversité de la pensée, et pour promouvoir davantage une culture plus inclusive et plus diversifiée » avait déclaré la marque.

 

Ces améliorations au sein des marques de luxe n’ont pas une influence uniquement positive sur leur image et réputation, mais également sur leur productivité en terme d’innovation. En effet, une étude du Boston Consulting Group de 2018 avait révélé que les entreprises avec les équipes de direction les plus diversifiées ont des bénéfices avant intérêts et des marges fiscales supérieurs de 9 % à ceux de leurs homologues moins diversifiés.

 

Ces polémiques ont conduit les experts à multiplier les études et classements des entreprises sur ce sujet, facteur qui devrait forcément participer à la croissance des actions dans le domaine. 

 

Par exemple, Financial Times, effectue chaque année avec Statista, la liste annuelle des « Diversity Leaders” qui démontre dans quelle mesure les entreprises de 16 pays européens ont réussi à se doter d’une main-d’œuvre diversifiée et inclusive, selon les perceptions de leurs employés et des experts en recrutement. Cette liste est basée sur la participation de plus de 100 000 employés qui évaluent les efforts déployés par leurs employeurs respectifs pour promouvoir la diversité. 

 

Ce genre de classement participe efficacement à l’amélioration des entreprises dans le domaine et cela de manière conséquente étant donné que ces dernières sont extrêmement soucieuses de l’image qu’on leur porte. À titre d’exemple, Hermès cette année est classée 5 ème par le Financial Times alors que l’an dernier la marque s’était classée 535 sur 700 entreprises. 

 

L’année dernière, elle avait également obtenu d’excellents résultats en termes d’ethnicité et de diversité en général. Cette année, son point fort a été le domaine du genre et du handicap, sur lequel elle a massivement progressé. Elle a été l’une des huit entreprises à obtenir un score supérieur à 3,8 sur 5 pour l’ethnicité.

 

Derrière hermès suivent Giorgio Armani à la 6 ème place, Prada à la 57 ème et Hugo Boss à la 97 ème. D’autres comme Cartier, Louis Vuitton, LVMH, Richemont ou encore Kering apparaissent à la fin, voire pas du tout dans le classement. Cependant, elles continuent tout de même à faire des progrès.

 

Alors même si l’industrie du luxe est en progression dans le domaine de l’inclusivité et la diversité, celle-ci conserve un retard certain vis à vis des autres industries. D’autant plus qu’il faut savoir différencier les réelles actions des coups de publicité pour redorer l’image. 

 

« L’industrie du luxe a fait des tentatives significatives de progrès”, a déclaré Hannah Stoudemire, directrice générale de la Fondation « Mode pour tous”, ”Mais beaucoup d’entreprises ne font pas le strict minimum », a-t-elle ajouté.

 

D’autres marques participent elles depuis beaucoup plus longtemps au développement de la diversité dans le monde du luxe : Alexander Mcqueen par exemple avait fait défiler en 1998 l’athlète handicapée Aimee Mullins, bien avant que les controverses n’apparaissent. Dans les années 1970, Givenchy avait privilégié les mannequins noires pour présenter ses collections, Jean Paul Gaultier a toujours mis en avant la diversité sur ses podiums : mannequins séniors et tatoués sur le catwalk par exemple.

 

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Photo à la Une : © Défilé Tommy Hilfiger[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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