La Bourse de Paris boude LVMH malgré ses bons résultats semestriels

Avec des ventes qui ont bondi de 15% au premier semestre 2023 à 42,2 milliards d’euros et un bénéfice net de 8,48 milliards d’euros au premier semestre (+30%), l’action LVMH suscitait des espérances plus stratosphériques. Or le titre subit une chute de -5% (vers 808E) qui plombe le CAC40 (retombé vers 7.270).

 

Toutes les activités de LVMH  connaissent une croissance significative au premier semestre 2023, à l’exception des vins et spiritueux. 

 

Le groupe de luxe aux 75 Maisons d’exception bénéficie de la reprise d’activité en Chine, compensant ainsi le net ralentissement que rencontre le marché américain. 

 

Pourtant, l’action du géant du luxe a chuté de 5% vers 14H05 ce mercredi – la pire baisse du CAC 40, lequel recule fortement en conséquence (-1,94%) –  en raison d’inquiétudes concernant ses ventes aux États-Unis et de prises de bénéfices après un début d’année faste.

 

Excellentes performances

 

Le groupe LVMH enregistre entre janvier et juin une hausse de ses ventes de 15% à 42,2 milliards d’euros

 

Au second trimestre, la croissance organique des ventes s’établit à 17 % par rapport à la même période de 2022, en ligne avec les tendances du premier trimestre.

 

Le bénéfice net grimpe de 30% à 8,48 milliards d’euros au premier semestre. 

 

Président-Directeur général du groupe, Bernard Arnault s’est félicité de ces excellentes performances et ce malgré “un semestre encore marqué par des incertitudes économiques et géopolitiques.”

 

Et d’ajouter, “Nos Maisons ont continué de faire rêver grâce à leur forte dynamique créative et à l’excellence de leur distribution.”

 

Le résultat opérationnel courant du premier semestre 2023 se hisse à 11 574 millions d’euros, en hausse de 13 %. 

 

La marge opérationnelle courante ressort à 27,4 % des ventes. Le résultat net part du Groupe s’élève pour sa part à 8 481 millions d’euros, en hausse de 30 %. 

 

Mode et maroquinerie en force

 

Si la quasi-totalité des activités du groupe connaît une croissance importante de ses ventes, la division mode et maroquinerie – aux côtés de la distribution sélective –  affiche la plus forte hausse. 

 

D’après le communiqué du groupe, l’univers mode et maroquinerie engrange à lui seul 21 milliards d’euros de chiffre d’affaires (+17%). 

 

Le groupe souligne « une performance remarquable » de l’activité mode et maroquinerie, « en particulier pour les Maisons Louis Vuitton, Christian Dior, Céline, Loro Piana, Loewe et toutes les autres marques qui gagnent partout des parts de marché« .

 

Pour illustrer son propos, le Pdg du groupe a d’ailleurs évoqué la toute première collection de Pharrell Williams pour Louis Vuitton Homme, présentée en plein cœur de Paris, sur le Pont Neuf – générant plus d’1,1 milliard de vues sur les réseaux sociaux – qui a suscité un immense enthousiasme à l’international. 

 

Pour autant, LVMH ne dévoile pas la performance financière de chacune des marques précitées. 

 

L’activité de la division Distribution sélective (Séphora, Le Bon Marché, La Samaritaine …) fait, elle, un bond de 26% à 8,35 milliards d’euros. 

 

Si le groupe ne précise pas les chiffres de Sephora, il souligne toutefois que le spécialiste de la beauté réalise une excellente performance, poursuivant son expansion géographique avec l’ouverture récente de sa toute première boutique sur le sol britannique. 

 

De leur côté, les ventes des montres et joaillerie affichent une hausse de 11% à 5,4 milliards d’euros. 

 

Sur cette activité, le groupe relève une progression remarquable de la haute joaillerie ainsi que la forte dynamique créative de l’ensemble des Maisons de Montres et Joaillerie, en particulier Tiffany, Bulgari et TAG Heuer. 

 

Tiffany connaît une excellente dynamique avec le succès exceptionnel de la réouverture de son flagship store new yorkais, le « Landmark ». 

 

L’activité Parfums et Cosmétiques enregistre de son côté une croissance organique de 13 % de ses ventes au premier semestre 2023 grâce à une politique forte d’innovation et de distribution très sélective. 

 

Parfums Christian Dior sert ici de locomotive grâce aux ventes de ses parfums Sauvage, J’Adore et Miss Dior. 

 

Seule la division vins et spiritueux déçoit avec des ventes en chute de 4% à 3,1 milliards d’euros. Le Cognac Hennessy aurait été victime de « l’environnement économique aux Etats-Unis » défavorable et « du niveau de stock encore élevé chez les revendeurs ».

 

En revanche, si le cognac est à la peine, le champagne, lui, pétille de joie, fort d’une stratégie de valeur habilement menée. 

Reprise du marché chinois et des vols internationaux

 

C’est la bonne surprise du semestre : le redémarrage du marché du luxe en Chine et de l’activité duty free

 

L’afflux des voyageurs dans les destinations phares de Hong-Kong et Macao ont bénéficié à DFS,  le circuit détaxe relevant de la division distribution sélective du groupe. 

 

Comme le précise le groupe LVMH dans son communiqué,C’est en Asie, en Corée et au Japon que [les consommateurs chinois] voyagent, et non en Europe et aux États-Unis. Aujourd’hui, ils ont encore du mal à obtenir des visas« . 

 

Pour Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH “l’année dernière on a eu un ralentissement en Chine et on a été tiré par les Etats-Unis. Cette année, c’est un peu l’inverse ». 

 

Sur le plan géographique, les ventes ont augmenté de 29 % au Japon, de 34 % en Asie hors Japon et de 19 % en Europe (contre 24 % au premier trimestre). Notons toutefois une réduction par rapport aux taux précédents.

 

De leur côté, les Etats-Unis voient leurs ventes de produits mode et maroquinerie accuser le coup d’un contexte inflationniste. 

 

Jusqu’ici, la force du dollar incitait de nombreux clients américains à se procurer leurs articles de luxe à l’étranger. Toutefois avec le durcissement de l’inflation et la diminution de l’épargne covid comme du soutien financier de l’ère pandémique, la pression économique s’est considérablement accrue dans leur pays. 

 

LVMH précise également que les ventes dans les villes américaines de second rang (du type Austin, Detroit, Columbus…), où les groupes de luxe avaient jusqu’ici connu une forte croissance, sont désormais soumises à de fortes pressions.

 

Si cette tendance à l’ouverture de boutiques par les marques de luxe (Hermès, Gucci…) dans des villes de seconde ou troisième catégorie aux Etats-Unis est à la peine, elle est néanmoins au beau fixe en Chine, avec des destinations comme Chongqing ou Chengdu parmi les plus dynamiques du moment. 

 

L’Asie hors Japon représente 33% du chiffre d’affaires de Lvmh au premier semestre, les Etats-Unis 24% et l’Europe 23%.

 

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Photo à la Une :  ©Presse
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Victor Gosselin
Victor Gosselin est journaliste spécialisé luxe, RH, tech, retail et consultant éditorial. Diplômé de l’EIML Paris, il évolue depuis 9 ans dans le luxe. Féru de mode, d’Asie, d’histoire et de long format, cet ex-Welcome To The Jungle et Time To Disrupt aime analyser l’info sous l’angle sociologique et culturel.
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