Depuis avril, le gouvernement chinois durcit le ton envers les influenceurs qui prôneraient des contenus vulgaires ou inappropriés sur leurs comptes sociaux. De nombreuses célébrités du net chinois, ont ainsi disparu des réseaux sociaux nationaux comme Douyin et Bilibili.
Le luxe et son style de vie hédoniste serait-il devenu vulgaire ?
C’est en tout cas l’approche que semble avoir adopté le pouvoir central en Chine parti en lutte contre “le culte de l’argent”. Depuis deux mois, l’Administration du Cyberespace de la Chine – le régulateur chinois de l’internet – a lancé une campagne visant à supprimer des réseaux sociaux tout contenu qui “met délibérément en avant des styles de vie extravagants et une richesse ostentatoire.”
De nombreuses célébrités liées à la promotion d’un style de vie luxueux sur Tencent, Douyin, Weibo, Kuaishou ou Bilibili ont ainsi vu leur compte bloqué voir supprimé.
Cet étalage de la richesse sur les réseaux sociaux est vu d’un mauvais œil par le gouvernement chinois qui, depuis 2021 prône une politique de “prospérité commune” cherchant au contraire à réduire les inégalités et érigeant la vertu en comportement modèle .
De nombreux “agitateurs” sanctionnés
Wang Hongquan Xing, le “Kim Kardashian chinois” aux 4,3 millions d’abonnés sur son compte Douyin – une plateforme similaire à l’occidentale TikTok – avait pour habitude de se photographier avec des tenues aux couleurs des plus grandes marques de luxe et de vanter son style de vie extravagant. “Je ne sors jamais dans une tenue de moins de 1,4 millions de dollars”, avait déclaré le marchand de bijoux âgé de 31 ans, originaire de la province du Hebei. En mars, il avait participé à l’ouverture d’une boutique de joaillerie à Pékin avec tout un aréopage de célébrités du net. Le 21 mai, changement de donne : son compte se voit supprimé, victime de “la vague de suspension qui déferle sur les influenceurs dont le contenu tourne autour de ”l’étalage excessif de la richesse” ainsi que le résume quotidien local China Daily.
Le même jour, d’autres influenceurs de premier plan ont disparu soudainement des réseaux sociaux chinois.
C’est le cas de Baoyu Jiajie, alias Sister Abalone (Soeur Coquillage), surnommée “la femme la plus riche d’internet” par ses 2,3 millions d’abonnés et qui avait battu des records d’audience en proposant une visite filmée de ses deux manoirs implantés à Macao.
Bo Gongzi, dit “Jeune maître Bo” (25 ans), grand collectionneur de sacs Hermès, de voitures de luxe et de tenues de designer, a connu un sort similaire. Ce dernier s’est fait remarquer dans les émissions de livestreaming spécialisées pour sa capacité à vendre des produits de beauté à vitesse grand V, chacune d’entre elles générant des ventes comprises entre 750 000 yuans et 1 million de yuans (103 576 dollars) entre mars et mai, d’après les données fournies par le fournisseur de données Chanmama.
Cet épisode rappelle qu’en Chine, internet est strictement encadré au point que les censeurs n’hésitent pas à sanctionner tout individu ou entreprise identifiés comme des agitateurs dissidents potentiels.
En 2021, Viya, autre influenceuse star du livestreaming (téléachat 2.0) avait vu son compte supprimé après avoir été condamnée à payer une amende de 210 millions de dollars pour fraude fiscale. Avant son éviction, elle recensait 18 millions de followers sur son compte Weibo et 80 millions de followers sur Taobao.
De vraies et bonnes vies
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Photo à la Une : © Engine Akyurt/Unsplash