Dior et Saint Laurent ont dévoilé leur collection automne-hiver 2024-2025 dans le cadre de la semaine de la mode parisienne. Les deux porte-étendard du luxe français des groupes LVMH et Kering ont chacun proposé à leur manière une réinterprétation de la femme des sixties, version 68… année volcanique.
Pour le deuxième jour de la Fashion Week de Paris (du 26 février au 5 mars 2024), Dior et Saint Laurent ont tous deux proposé un défilé offrant une relecture des années 1960. Au programme : jupes plissées, go-go boots et imprimé léopard pour Maria Grazia Chiuri chez Dior, jupes crayons, blouses à lavallières, No bra et tissus vaporeux jouant la carte de la transparence pour Anthony Vaccarello chez Saint Laurent.
Les deux Maisons de luxe parisiennes ont rendu hommage à leurs archives : Dior à Marc Bohan, son directeur de création, à l’origine de la ligne Miss Dior en 1967, apparaissant façon slogan libertaire et Saint Laurent à son défilé de 1968, faisant entrer la transparence dans ses collections sous l’impulsion de son fondateur.
Une fois n’est pas coutume, les tonalités terrestres, très présentes chez Saint Laurent, ont fait leur entrée chez Dior, en particulier le beige que de mémoire on n’avait encore jamais autant vu dans une collection de Maria Grazia Chiuri.
Pour cette collection automne-hiver 2024-2025, il est également question d’Orient avec l’installation de l’artiste indienne Shakuntala Kulkarni et l’ombre de Marc Bohan, artisan des débuts de la Maison au pays des Maharajahs (défilés à Mumbai et Delhi en 1962) chez Dior mais aussi du souvenir du parfum Opium et des souvenirs marocains de Yves chez Saint Laurent.
Dior ou le swinging london bourgeois
Après un défilé printemps-été 2024 autour de l’archétype de la sorcière persécutée à travers les âges et de la place du “male gaze” dans les campagnes publicitaires des années 1950, ouvertement sexistes des vrais Mad Men de la 5e avenue, Maria Grazia Chiuri s’est intéressée, dans ce nouvel opus 2024-2025, à la décennie suivante : les années 1960.
Pour illustrer cette période, la directrice artistique de la Maison Dior a fait le choix de porter son regard féministe sur 1967, année à la veille des grands bouleversements sociaux et sociétaux en France comme à l’international mais aussi année du lancement de la ligne Miss Dior.
L’occasion de rendre hommage au géniteur de cette première ligne française de prêt-à-porter de la Maison, Marc Bohan, ancien mais méconnu directeur de création de la Maison Dior, décédé l’année dernière. Fort d’un mandat de 30 ans – du jamais vu – stoppé net en 1989 avec l’arrivée de Gianfranco Ferré à la tête de la création, Marc Bohan a été le témoin privilégié des grandes évolutions qui ont jalonné les décennies 1960, 1970 et 1980. Moins connu que Saint Laurent Rive Gauche (1966), cette ligne Miss Dior augurait la vague de démocratisation dans la mode. Hommage au parfum éponyme de Christian Dior pensé en 1947 comme “la célébration de la féminité, de la nature et de la beauté, elle a été réinterprétée par Maria Grazia Chiuri dans un format XXL sur des jupes plissées fendues et gros manteaux en laine, à la manière d’un slogan revendicatif.
1967, c’est aussi l’année du premier enregistrement de Serge Gainsbourg de “Je t’aime… moi Non Plus” avec Brigitte Bardot. La version la plus connue – enregistrée cette fois avec Jane Birkin – et dont les râles ont résonné lors du défilé, est quant à elle sortie en 1969, soit un an après les “évènements”. Ce n’est d’ailleurs pas l’unique allusion au couple mythique de la chanson française : une version instrumentale et remixée du “Requiem pour un C.” (sortie cette fois en… 1968) a inauguré et clôturé le défilé. Les silhouettes Dior ont d’ailleurs multiplié les clins d’œil à Serge et Jane, via les verres fumés et le look dandy destroy du chanteur et le combo mini jupes et bottes de baby anglaise de la chanteuse, comme un hommage au style inhérent à Jane Birkin, disparue en juillet dernier.
Le show a fait sensation auprès de ses invitées composées des actrices Natalie Portman, Jennifer Lawrence, Elizabeth Debicki (Lady Diana dans la série Netflix The Crown) et Kelly Rutherford (interprétant Lily van der Woodsen dans la série « Gossip Girls », version 2007) mais aussi des chanteuses Jisoo (BLACKPINK) et Rosalia.
Dans un esprit mi-rock mi-Hollywood sur Tibre, l’imprimé léopard cher à Sophia Loren et Marianne Faithfull était également de sortie. Présent sur les manteaux en laine et casquettes assorties, le motif félin a réveillé – avec des tenues plus festives en seconde partie – un défilé marqué par des tonalités neutres et beiges, façon trench Burberry.
Toutefois, la palme de l’imagerie transgressive revient sans aucun doute à Anthony Vaccarello chez Saint Laurent.
Saint Laurent ou le corps mis à nu
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Photo à la Une : © Dior et Saint Laurent