Le secteur du luxe traverse une phase charnière. Des montres au whisky, le climat se tend. Les consommateurs américains de produits de luxe deviennent plus prudents, et les exportations horlogères suisses reculent à nouveau, signe d’un affaiblissement de la demande mondiale.
Les nouveaux acteurs comme les grands groupes subissent les conséquences de ces turbulences : Coty envisage une scission, Courbet a été liquidé, et Pernod Ricard déploie son plan de réorganisation « Tomorrow 2 ». Une réorganisation visant en effet à simplifier sa structure et à regrouper ses marques en deux divisions (Gold : whisky, champagne, cognac ; Crystal : vodka, apéritifs), dans un contexte de recul de la demande. Ce remaniement s’accompagne de suppressions de postes, notamment en Chine, et d’un objectif de réduction de coûts d’un milliard d’euros d’ici 2029.
Le ralentissement est confirmé par le dernier rapport Bain & Altagamma, qui prévoit une baisse de 2 à 5 % du marché mondial du luxe en 2025. Depuis 2022, les interactions avec les marques traditionnelles chutent fortement : – 40% de recherches en moins, suivi social divise par 10 et engagement en recul de 40%. Les raisons ? La lassitude face aux prix eleves et une créativité jugée trop timide.
Pour affronter ces vents contraires, les marques doivent repenser leurs stratégies sans trahir leur identité.
Le retail reste central — et fragile. Avec 70 % des effectifs en contact direct avec la clientèle, les talents sont clés, mais rares. MAD et le Comité Colbert viennent de publier une étude RH inédite. Luxus Plus y était et vous a préparé un compte rendu complet des points essentiels à retenir.
Sans surprise, les directions évoluent elles aussi : Ruth Warder rejoint Chanel, Heather Kaminetsky revient chez Net-a-Porter, et Prada voit son « brand CEO », Gianfranco D’Attis, quitter ses fonctions fin juin, remplacé par Andrea Guerra a titre intérimaire. Du cote de Kering, Luca de Meo, ex-CEO de Renault, prend les rênes du groupe, illustrant la volonté d’insuffler une vision plus structurée et industrielle. Ce renouveau est aujourd’hui complété par le repositionnement stratégique de Net-a-Porter qui prend un nouveau cap managérial en ligne.
Alors que le groupe YNAP (Yoox Net-a-Porter) se restructure pour intégrer l’offre émergente Mytheresa via le projet “LuxExperience”, Alison Loehnis, actrice cle de Net-a-Porter, a quitté son poste fin mai 2025, ouvrant la voie a une nouvelle direction. Cette passation intervient après une baisse des ventes de 15% au T2 2024 et marque un moment charnière. Le groupe vise a reprendre le chemin de la rentabilité en révisant ses opérations, son business model et son expérience client. L’enjeu est de taille : redynamiser une plateforme digitale emblématique du luxe face a la pression d’un commerce en ligne de plus en plus concurrentiel.
De son côté, la créativité est en mutation aussi avec de nouveaux casting artistiques pour relancer les maisons. Chez Dior, Jonathan Anderson est arrivé à la tete de la direction artistique, incarnant un tournant stylistique significatif. Enfin, Francesco Risso quitte Marni après huit ans a la direction artistique, durant lesquels il aura impose une vision avant-gardiste et profondément expressive, mêlant exubérance et déconstruction.
Mais cette semaine, le luxe démontre que sa transformation ne se limite pas au renouvellement créatif de ses produits : les marques misent sur l’expérience, la diversification et l’ancrage culturel (Marni, Dior). Mais les grandes maisons cherchent un nouveau souffle dans la recomposition digitale (Net-a-Porter) et les réorganisations structurelles (Pernod Ricard).
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Photos à la Une : © Luxus Plus
