Alors que Golden Goose a annoncé son entrée en bourse en 2024, que Birkenstock saute le pas cette semaine et que Manolo Blahnik affiche des records de ventes, une question se pose : a-t-on intérêt à investir dans les valeurs liées au segment chaussures ?
Le cabinet Bain avait prévenu. Le plus haut segment du luxe (visant les UHNWNI et HNWNI) allait conserver une forte dynamique en 2023 malgré le climat inflationniste. Mais ce n’était pas le cas pour la clientèle aspirationnelle, au portefeuille bien moins garni et soumis à des arbitrages plus drastiques.
L’appel d’air pourrait cependant provenir d’un segment jusqu’ici focalisé sur la basket : la chaussure.
Le Levier Gen Z
En la matière, la génération Z – née entre 1996 et 2010 – ne se contente pas, comme ses aînés millennials (nés des années 1980 à mi-90) “de porter aux nues la basket immaculée”. Mais elles en font autant avec l’ensemble de ses congénères en cuir plates et à talons : sandales, ballerines, bottines à lacets, mocassins, bottes de cow boys…”.
C’est d’ailleurs un détail qui n’a pas échappé aux commentateurs de mode : pour son dernier défilé Ancora – symbole de sa renaissance – Gucci a choisi de miser sur le quiet luxury, les sacs et… les chaussures en mettant en valeur le mocassin à mors iconique de la Maison, remis au goût du jour.
D’autres Maisons de luxe ont choisi également de remiser au placard l’intemporelle mais terriblement banalisée basket. Le plat, hors sneakers, a ainsi dominé les défilés printemps-été 2024.
De son côté, LVMH, qui peine à trouver sa clientèle pour La Samaritaine, son grand magasin de la Rive Droite, mise justement sur la chaussure pour faire venir la génération Z.
Tout cela pourrait aussi profiter aux valeurs boursières. Si les plus values astronomiques sont loin d’être systématiques, le segment chaussures peut en effet s’avérer “très lucratif” en Bourse. C’est en tout cas l’observation réalisée par eToro. La plateforme d’investissement social s’est plongée dans les archives des entrées en bourse des 10 plus grandes marques de chaussures pour en tirer de précieux enseignements.
Elle a constaté que, collectivement, le cours de leurs actions avait augmenté de 478% au cours de la dernière décennie (sur la base d’un indice à pondération égale). Cela représente plus du double des rendements sur dix ans de l’indice préféré des gérants S&P 500 (+162 %) et surtout 6,2 fois plus que l’indice parisien du CAC40 avec ses 77% en 10 ans.
Attention toutefois, si les marques de chaussures Deckers (861%) et Crocs (626%), autrefois mal-aimées, sont en tête du peloton aux côtés du chinois Li-Ning, les récentes entrées en bourse sont tombées à plat.
Depuis son introduction en bourse en 2021, Allbirds, la marque de basket écoresponsable longtemps chouchou des startuppeurs de la Silicon Valley, a ainsi chuté de 96 %. Dr Martens et sa bottine militaire indissociable du mouvement punk des années 1970, également introduite en bourse en 2021, a vu, elle, son cours dégringoler de 64 %. Le fabricant britannique vend moins que prévu et se retrouve confronté à des difficultés opérationnelles sur le marché américain.
Mais en 2021, toutes les valeurs n’ont pas vu leurs cours fondre comme neige au soleil. La marque suisse de chaussures de running On Holding, s’en est mieux sortie, avec une hausse de 27 % depuis son introduction en bourse et de 60 % cette année.
Birkenstock, future valeur boursière vedette ?
Parmi les marques étendard, il en est une, Birkenstock, en plein état de grâce dans laquelle L Catterton, fond rattaché au groupe LVMH a investi et qui s’apprête à entrer à la bourse de New York ce mercredi.
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