L’industrie du luxe est tourmentée depuis plus de deux ans par différents problèmes. Sa chaîne d’approvisionnement devra ainsi faire peau neuve et s’adapter au développement durable.
L’industrie du luxe et du textile doit aujourd’hui faire front contre des changements et turbulences qui rendent son système instable, surtout en amont de la filière. L’explosion de la demande, après deux ans de baisse continue pendant et après la pandémie mondiale, qui avait notablement ralenti la chaîne d’approvisionnement, a ainsi engendré une pénurie notable des matières premières.
Cette situation s’est accentuée avec les confinements répétés en Chine, liés à une recrudescence de cas de Covid-19. Lesquels ont entraîné le blocage de certaines productions et du port de Shanghai, ce qui a freiné le transport des marchandises. A cela, s’ajoutent l’inflation et la hausse des prix de l’énergie, ainsi que la guerre en Ukraine, qui ont exacerbé les tensions sur les marchés.
Une réalité à laquelle s’adapter
Les entreprises européennes dépendantes de matières premières, de produits intermédiaires et de divers composants n’ont pas d’autres choix que d’anticiper et de planifier très en amont. En 2021, 43% des industriels européens expliquaient que la crise de la logistique avait sévèrement impacté leur modèle de production. Face à ce constat, les industriels français démontrent une certaine résistance en absorbant les risques financiers et en faisant levier sur un niveau de production semblant limiter les risques. Les entreprises d’Italie, Autriche et Pays-Bas présentent un constat nettement plus alarmant tandis que la Suisse a subi des arrêts forcés de production. L’Allemagne semble être particulièrement pessimiste au regard de la situation : 20% des entreprises d’Outre-Rhin ne voient pas d’immédiats signes encourageants à l’horizon.
Certaines entreprises ont néanmoins pris les devants et décidé de gonfler leur niveau de stock. Le poids de l’urgence climatique et les revendications croissantes des consommateurs incitent aussi l’industrie à prendre un virage plus éco-responsable. Selon un rapport de Generix, 87% des consommateurs français plébiscitent des modes de livraisons plus soucieux de l’environnement.
On note également que des initiatives de productions locales ont émergé en France. Elles se sont très vite répandues au niveau européen pour protéger les industries contre la fragilité de la logistique.
Cette réalité oblige à réinventer les modèles et invite les opérateurs économiques à se diriger vers une production plus intelligente, plus robotisée, plus connectée et plus courte. « Ce modèle est désormais rediscuté et l’on revient à ce qui auparavant était considéré comme obsolète, à savoir la capacité d’anticiper le plus possible les exigences du marché avec des commande de matières largement en amont. Le secteur est même en train de réfléchir sur le potentiel rapatriement d’une partie de la chaîne de production en Italie et en Europe », souligne Claudio Marenzi, le PDG d’Herno, une entreprise spécialisée dans les pièces à manches, et Président de l’organisateur de salons Pitti Immagine.
Ecoresponsable avant l’heure, il a emmené son entreprise dans une démarche de développement durable il y a quelques années déjà, en s’appuyant sur l’innovation technologique. Il a notamment créé en 2020 la start-up BeSight, avec Andrea Ruscica, de la société de conseil high tech Altea Federation, pour offrir des solutions technologiques aux PME de la mode.
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Photo à la Une : © PxHere
