Vincent Billiard, directeur général de l’Hôtel de Crillon à Paris, était l’un des intervenants invités à la soirée “L’Art de Recevoir” organisée par LUXUS PLUS. Au cours de la conférence de presse animée par Hervé de Gouvion Saint Cyr, fondateur de TalentriCity et expert de l’expérience client, Vincent Billiard s’est exprimé sur sa vocation, sa vision de l’art de recevoir ainsi que sur son rôle à la tête d’un des plus beaux palaces parisiens.
Diplômé de l’École hôtelière de Lausanne, Vincent Billiard a rejoint le groupe Ritz- Carlton en 2003. Pendant 15 ans, il a évolué au sein du groupe grâce à différents postes aux États-Unis, dans les Îles Caïmans, à Tokyo ou encore à Osaka. En 2013, il marque notamment l’histoire du groupe hôtelier en devenant le plus jeune directeur général jamais nommé, à l’âge de 32 ans. Son retour à Paris est synonyme d’un nouveau chapitre pour sa carrière alors qu’il rejoint le groupe Rosewood en tant que directeur général de l’Hôtel de Crillon en janvier 2020. Sous sa direction, le prestigieux palace parisien développe son offre et met l’accent sur l’expérience d’art de vivre à la française, rejoignant en 2023 la sélection des “World’s 50 Best Hotels”
Hervé de Gouvion Saint Cyr : Quel a été l’élément déclencheur de votre vocation dans le monde de l’hospitalité ?
Vincent Billiard : Lorsque j’étais jeune, mon père travaillait dans le secteur du tourisme. Souvent amené à voyager, il m’emmenait avec lui et me permettait de découvrir en quoi consistait son travail. J’ai réalisé qu’un métier comme le sien permettait de combiner une dimension commerciale avec une partie relationnelle, ainsi qu’une autre consacrée à la gestion – le tout dans de très beaux environnements. Ma passion pour les hôtels a également commencé grâce à lui et à l’opportunité qu’il m’a donnée de voyager dans de magnifiques établissements. Alors un jour, vers l’âge de 8 ans, j’ai affirmé à ma famille : “Je veux être directeur général d’un des plus beaux palaces du monde.” Aujourd’hui, j’ai la chance de diriger l’Hôtel de Crillon.
HGSC : Comment pourriez-vous décrire ce qu’est aujourd’hui l’art de recevoir dans un palace comme l’Hôtel de Crillon ?
VB : Selon moi, l’art de recevoir repose d’abord sur le relationnel et la manière dont nous nous occupons de nos collaborateurs. Dans le groupe Rosewood, nous avons une philosophie que nous appelons “The Calling”, que l’on pourrait traduire par “La Vocation”. Si nos collaborateurs exercent ce métier, c’est par vocation d’accueillir et de bien s’occuper des gens qui viennent nous visiter, en leur faisant sentir qu’ils sont chez eux, voire mieux. Pour cela, je mets un point d’honneur à rencontrer tout futur collaborateur et il me suffit de quelques minutes pour savoir s’il a cette passion qui fera rayonner l’hôtel.
HGSC : Quels sont les thèmes de vos échanges avec eux ?
VB : Je leur fais bien comprendre que nous les recrutons pour leurs talents, pas forcément pour leur expérience, mais pour leur capacité à s’occuper des individus. Je leur explique ensuite que notre philosophie repose avant tout sur le respect des traditions et de la culture françaises. À l’Hôtel de Crillon, nous leur demandons de faire vivre l’hôtel, de faire découvrir aux clients la raison d’être du lieu et de leur faire vivre un moment en phase avec notre héritage.
HGSC : Le Crillon est un symbole de l’art de vivre à la française. Comment parvenez-vous à le mettre en scène, à l’incarner ?
VB : J’essaie avant tout de transmettre l’héritage qui caractérise cet établissement emblématique. Lorsqu’un client arrive pour son check-in, il ne se retrouve pas à un comptoir de réception, mais assis à un bureau, ce qui apporte un côté plus chaleureux. Ensuite, un majordome accueille le client et l’une des premières choses que nous montrons, c’est l’acte de vente de l’hôtel signé par Louis XV au moment de céder le bâtiment à la famille de Crillon. Nous immergeons ensuite le client dans une expérience : en traversant le petit couloir, il se retrouve au bar des ambassadeurs, un lieu aussi unique que mythique qui retranscrit tout l’artisanat et l’histoire française. Nous continuons pour arriver au jardin d’hiver où se trouve une fresque avec une citation du roi Henri IV, tirée d’une conversation avec la famille de Crillon. Encore un peu plus loin, il y a le salon Marie-Antoinette où la reine elle-même prenait des leçons de piano. Ces moments d’histoire, nous essayons de les faire vivre aux clients venus du monde entier pour expérimenter quelque chose de semblable. Et tout d’un coup, une connexion s’établit entre le collaborateur, le client, l’histoire et l’héritage français.
HGSC : Bien qu’une majorité de la clientèle soit étrangère, vous mettez un point d’honneur à ce que la partie restauration soit également fréquentée par les Parisiens. Quelles sont les spécificités mises en place pour que cette clientèle de proximité se sente à l’aise ?
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Photo à la Une : © Hôtel de Crillon, A Rosewood Hotel