Burberry et Gucci étaient incontestablement les deux Maisons de luxe les plus attendues de la Fashion Week, celle de Londres pour la première et de Milan pour la seconde. Elles ont surtout en commun d’avoir perdu de leur superbe et de porter en elles des enjeux cruciaux.
Si les années 2000 et la légèreté estivale ont irrigué les défilés printemps-été 2025 de Burberry et de Gucci, le traitement a bien différé : streetwear version grunge 90’s pour la Maison britannique et inspiration sexy et élégance sixties pour la Maison florentine.
Daniel Lee et Sabato de Sarno ont été scrutés par toute la fashion sphère alors que Burberry a été éjecté quelques semaines plus tôt du top 100 des entreprises britanniques les plus valorisées – après 25 ans sans nuages – tandis que Gucci, confrontée au ralentissement du marché chinois, a précipité dans sa chute les résultats trimestriels du groupe Kering.
Pour reconquérir la jeunesse, sans s’aliéner la clientèle historique, les deux Maisons ont toutefois une botte secrète commune : faire rimer confection avec patrimoine.
Car les deux créateurs ont choisi de puiser dans les archives et les produits iconiques de leurs employeurs respectifs : le vêtement d’extérieur pour Burberry et la maroquinerie et le soulier pour Gucci.
Entre le National theatre londonien et le musée milanais de Triennale, deux salles, deux ambiances.
Esprit Y2K à tous crins
L’imagerie ultra large, décontractée et non moins sexy des années 2000, dite “Y2K”, continue de faire des émules, en particulier sur les pantalons et les manteaux.
En poste depuis deux ans déjà, Sabato de Sarno, le créateur à la tête de la Maison florentine, propose un vestiaire aux airs de bohême chic urbain avec des teintes flashy ou kaki comme tout droit sorties de quelque rave party. A moins que ce ne soit des années 1960, à en juger par certaines robes aux accents futuristes et les chapeaux cloches observés lors du défilé.
Sexyness Y2K, la lingerie apparente comme le no-bra, font de la résistance. Ainsi, les tissus ultra transparents de la saison dernière reprennent du service avec des tonalités pastels réhaussant les pièces de lingerie noires.
La décennie 2000 s’exprime également de façon plus insolite à travers la réintroduction du bracelet de bras, lui-même pensé comme un clin d’œil au sac iconique Bambou, lancé en 1947.
L’ampleur gagne également les collections de Burberry, par exemple avec ses pantalons cargo.
Contrairement à un Gucci adepte cette saison de silhouettes en jaune fluo, la Maison britannique préfère ressortir ses teintes intemporelles sablées et beiges complétées par des teintes printanières ou ensoleillées comme le lilas et le orange. La touche Y2K se retrouve, à l’instar de Gucci, dans l’emploi raisonné du kaki militaire. Cette proposition marque une rupture nette avec les couleurs franches que mettaient jusqu’ici en scène Daniel Lee.
Tout en nostalgie, la Maison britannique fait défiler Agyness Deyne, la top model à la coupe androgryne la plus courue des années 2000. Le tartan et le trench très présents au cours de cette décennie – la faute à la fast fashion des débuts – se la joue néanmoins grunge avec quelques références évidentes au leader du groupe Nirvana, Kurt Cobain.
Une lecture documentée de l’ADN de marque
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Photo à la Une : © Gucci – Burberry