Aux rênes de la direction créative depuis avril dernier, Alessandro Michele, l’ex créatif magnifique de Gucci, a livré son premier défilé estampillé Valentino, le 29 septembre dernier. Comme une prolongation de sa collection croisière révélée au début de l’été, le romain explore de nouveau ses thèmes de prédilection, tels que l’esthétique vintage des années 1970, couplés à une mise en scène cinématographique.
Quand Alessandro Michele avait franchi les portes de Gucci en 2015, il n’avait pas seulement imposé sa patte créative et maximaliste délicieusement surannée. Il avait, aussi, dans une ambition démiurgique digne d’un Karl Lagerfeld chez Chanel, pris le contrôle de l’ensemble de l’image de la Maison florentine.
Pour son premier défilé physique chez Valentino, qui s’est déroulé porte de Châtillon le 29 septembre, les modalités semblent inchangées. A ceci près que le maximalisme d’hier a cédé la place à une esthétique bourgeoise et moins grand siècle que ses précédentes réalisations.
Il faut dire que les excès fantaisistes dont il avait fait preuve chez Gucci s’accorde moins bien à la célèbre Maison de couture fondée par Garavani Valentino en 1959.
Lors de ce nouveau défilé, la nostalgie d’un temps révolu est décelable, avec l’ambiance d’une maison de famille abandonnée, comme dans l’épilogue du Jardin des Finzi-Contini (1970) de Vittorio de Sicca, vidée de ses occupants juifs par la folie faschiste mussolinienne. A moins qu’on ait affaire à un bal fantôme, comme celui du film Shining de Stanley Kubrick (1980).
Car les silhouettes hommes et femmes qui s’animent sur le podium semblent comme sorties d’outre-monde.
Temps suspendu
Le défilé Valentino était sans nul doute l’un des défilés – sinon le défilé – le plus attendu de cette semaine de la mode parisienne Printemps-été 2025.
Tous les regards étaient tournés vers le nouvel occupant des lieux, Alessandro Michele, au vu des enjeux de ce nouvel acte créatif au sein de la Maison romaine.
Et l’ambiance comme hantée par le passé que présentait la mise en scène sur fond de musique d’opéra, a su renforcer le caractère dramatique du rendez-vous.
En effet, comment apposer son style au sein d’une Maison marquée par ses cofondateurs Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti et le passage couronné de succès de l’alchimiste des couleurs, Pierpaolo Piccioli, parti en mars dernier comme désabusé ?
La mise en scène de cette collection printemps-été 2025 a donc voulu faire déambuler des silhouettes très documentées, presque historicistes, au milieu de draps immaculés recouvrant meubles et éléments de décor, comme pour questionner l’impossibilité d’une page blanche et en même temps la nécessité d’écrire sa propre histoire.
Ces draps voilés – qui sont aussi les étoffes qui font les fantômes – et qui protègent autant qu’ils dissimulent de la vue, se retrouvaient sur les silhouettes à grands coups de voilettes, de gants ou encore de collants en dentelles, qu’ils soient écarlates ou vierges.
« Dans cet espace inhabité où le temps est suspendu, le sol se distingue par des planchers de miroirs, fissurés et scintillants – une œuvre intitulée Passi de l’artiste Alfredo Pirri. Leur fragmentation continuelle nous invite à réfléchir sur notre propre perception de la réalité », a précisé Valentino sur son compte Instagram.
Faire revivre le chic fou de Valentino
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Photo à la Une : © Valentino