La coalition dirigée par des présidents du secteur de la mode envisage des mesures audacieuses en matière d’énergie renouvelable, d’agriculture et de conservation.
Après deux années plutôt calmes, le Pacte de la mode (Fashion Pact) repart de l’avant. L’alliance interprofessionnelle dirigée par des PDG du secteur, lancée par le président français Emmanuel Macron en 2019 et dirigée par le président-directeur général de Kering, François-Henri Pinault, a plus que doublé le nombre de ses membres, des acteurs de la mode et du luxe (aujourd’hui 75) et déploie un programme de nouvelles initiatives en faveur de l’environnement. Lancé lors du sommet du G7 en France, cet accord marquait l’engagement des marques signataires pour favoriser le climat et la nature, atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050 et réduire leurs impacts sur les océans.
La première de ces nouvelles initiatives est un accord collectif d’achat d’électricité virtuelle (CVPPA) visant à développer l’utilisation des énergies renouvelables en Europe. Il permettrait d’acquérir de nouvelles capacités d’énergie renouvelable dans un avenir immédiat, et de donner le coup d’envoi d’une transition énergétique plus large dans l’ensemble du secteur de la mode.
« Il s’agit d’une preuve de concept. C’est important en soi, mais ce n’est qu’un début », a expliqué M. Pinault à Vogue Business. « Nous avions besoin d’avoir des résultats pour montrer qu’une action collective est possible. Nous allons l’élargir – nous avons déjà quelques acteurs extérieurs au Pacte de la mode qui souhaitent le rejoindre – et nous allons également l’étendre à d’autres régions. Nous devons l’utiliser pour accélérer, nous étendre et changer d’échelle, mais il est important de montrer que cela fonctionne. »
« Nous sommes restés silencieux, mais il s’est passé beaucoup de choses en arrière-plan. Nous avons identifié des domaines clés sur lesquels nous voulons que l’industrie s’aligne – la biodiversité, le climat et les océans – et sur ceux-ci, nous avons défini une approche sur la façon dont nous pouvons réellement travailler ensemble pour faire la différence sur le terrain », a aussi indiqué Eva von Alvensleben, la directrice exécutive de la durabilité et secrétaire générale du Fashion Pact. « Le CVPPA est l’un de ces projets ».
« Nous savons que les efforts conjoints et le financement sont essentiels pour trouver des solutions évolutives. Avec le CVPPA, c’est la première fois que le secteur de la mode se réunit dans un effort collectif pour ajouter de la capacité au réseau d’énergie renouvelable et garantir une charge de volume d’électricité renouvelable pour progresser vers notre objectif. « témoigne Stefan Larsson, le PDG de PVH, société mère de Calvin Klein et Tommy Hilfiger.
Les ambitions du Pacte
Le CVPPA n’est pas le seul projet à voir le jour. Un autre chantier sera consacré à l’expansion de l’approvisionnement en matières premières cultivées de manière régénérative. « Le défi dans notre chaîne d’approvisionnement actuellement est que nous n’avons tout simplement pas l’approvisionnement pour ces matières premières, même si nous aimerions les augmenter. Je pense que l’offre actuelle de coton biologique représente 3 % de l’offre totale, ce qui n’est absolument pas suffisant » explique Eva von Alvensleben (Fashion Pact).
La coalition vise à établir un système permettant à la fois d’aider les agriculteurs à passer à des pratiques biologiques régénératives et de développer une méthodologie pour comptabiliser les crédits carbone résultant de ces efforts.
Dans le cadre du pilier « océans », les efforts seront principalement mis sur le polybag en plastique et sur le traitement humide, qu’une analyse scientifique commandée par le Fashion Pact, a identifié comme étant la principale source d’impact de l’industrie sur les océans. L’idée serait donc de travailler main dans la main avec les fournisseurs pour qu’ils adoptent des techniques plus durables ou développent des alternatives.
Le troisième pilier n’est autre que la biodiversité. D’après un rapport de la World Benchmarking Alliance publié lundi, seules 5 % des 400 entreprises analysées (dans le secteur de la mode et dans d’autres secteurs) ont effectué une évaluation scientifique pour comprendre l’impact de leurs activités sur la biodiversité. « C’est la première fois qu’une coalition comme la nôtre place la biodiversité aussi haut dans son agenda. C’est un sujet sur lequel l’industrie n’est pas encore très avancée » atteste M. von Alvensleben.
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Photo à la Une : © Dominique Maître