Les constructeurs automobiles européens font face à une guerre commerciale imminente avec la Chine, accentuée par l’électrification croissante des véhicules et l’invasion du marché européen par des modèles asiatiques. Cette tension pourrait fortement ébranler l’industrie automobile, représentant près de 10% de l’ensemble de l’industrie manufacturière de l’UE. Les enquêtes anti-subventions sur les voitures électriques chinoises à bas prix, les nouvelles restrictions françaises et la dépendance aux composants chinois soulignent les défis majeurs auxquels l’industrie automobile européenne est confrontée.
Le temps ne s’arrange pas pour les constructeurs automobiles européens, qui faisaient la moue en février dernier après le vote du Parlement européen de la fin des moteurs thermiques en 2035. En effet, face à l’électrification des nouveaux modèles et à l’invasion du marché européen par les modèles asiatiques, pas moyen de se réjouir.
Après un avertissement avec l’ouverture d’une enquête anti-dumping contre les importations européennes de brandy, l’Europe se trouve à l’aube d’une guerre commerciale avec la Chine. L’industrie de l’automobile pourrait être fortement ébranlée. Les exportations de véhicules jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’équilibre commercial européen, le secteur automobile représentant près de 10% de l’ensemble de l’industrie manufacturière de l’Union européenne.
Mais avec la montée de l’électrification depuis un an, l’avenir du secteur est incertain et les entreprises européennes font face à des défis significatifs. La Chine inonde les marchés européens de voitures efficaces et moins coûteuses, et exporte une part importante des pièces nécessaires à l’industrie, tout en assurant 60% de la production minière mondiale de terres rares (des métaux spécifiques essentiels à la fabrication des aimants). Les budgets européens mettent la pression sur les aides gouvernementales à l’achat de voitures électriques. De son côté, l’industrie américaine est propulsée par le pionnier Tesla, subventionné par l’Inflation Reduction Act (IRA).
Bien entendu, tous ces éléments sont interconnectés. Les producteurs européens ont besoin d’accéder au marché asiatique, certains ayant même délocalisé une partie de leur production en Chine. Pour sa part, l’économie intérieure chinoise dépend des marchés européens et américains. Un vrai casse-tête…
La guerre commerciale pourrait avoir commencé
La France a renforcé récemment les critères d’octroi de subventions pour l’achat de voitures électriques chinoises, une décision qui a été suivie d’une enquête de l’Union européenne sur ce même sujet. Quelques semaines avant le lancement de cette enquête, Paris avait durci les conditions d’attribution des subventions pour l’achat de voitures électriques chinoises. En outre, la capitale française a mis en place une réglementation ciblant la Chine en retirant les incitations à l’achat pour les véhicules dont la fabrication émet une quantité spécifique de CO2.
En septembre dernier, c’est l’UE qui s’est jointe à la danse. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, soupçonnant que les entreprises asiatiques bénéficieraient de subventions illégales, a annoncé une enquête anti-subventions sur les voitures électriques chinoises à bas prix. Elle a expliqué que les marchés mondiaux sont inondés de voitures électriques, dont les prix sont maintenus artificiellement bas grâce à d’importantes subventions étatiques.
Par ailleurs, en Europe, des installations de production de batteries, composants essentiels et stratégiques pour les véhicules propres, sont actuellement en phase de développement. L’objectif sous-jacent est de garantir une production rapide en vue de conquérir une part de plus en plus importante du marché de la mobilité électrique.
La Chine contre-attaque
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