La start-up française Mistral AI, récemment auréolée d’une levée de fonds record de 385 millions d’euros, s’affirme comme l’une des deux principales championnes de l’intelligence artificielle en Europe. Cette avancée coïncide avec l’adoption historique par l’UE de l’ »Artificial Intelligence Act », le premier règlement mondial pour l’IA, qui démontre ainsi l’engagement de l’Europe à concilier innovation et régulation dans ce secteur stratégique.
L’Union européenne (UE) est très largement dépassée par les Etats-Unis dans la course à l’IA. Elle ne peut rivaliser avec Open AI, financée par Microsoft et mobilisant plusieurs milliards de dollars, ni même Google, qui vient de sortir son modèle Gemini, ainsi qu’Amazon et ou Meta. Pour autant, le vieux continent se réveille…
La start-up française Mistral AI, créée en mai par des experts du domaine, a ainsi annoncé d’euros le 10 décembre une levée de fonds record de 385 millions, qui fait d’elle l’une des deux championnes de l’intelligence artificielle (IA) en Europe. Arthur Mensch, le PDG de Mistral AI, a souligné l’ambition claire de la société : « créer un champion européen à vocation mondiale dans l’intelligence artificielle ».
Après déjà une levée de 105 millions d’euros en juin, cette nouvelle collecte valorise la société à environ 2 milliards de dollars (1,86 milliard d’euros), la propulsant parmi les licornes françaises. En Europe, seule l’allemande Aleph Alpha est aussi richement dotée, après avoir levé début novembre près de 500 millions d’euros.
Mistral AI a attiré l’attention des investisseurs, parmi lesquels l’éditeur américain Salesforce, la banque BNP Paribas, le transporteur CMA CGM et le géant des puces Nvidia. Cette start-up de l’IA, fondée par trois experts français passés par des géants américains, est déjà perçue comme une rivale potentielle d’Open AI, le créateur de ChatGPT. Les associés d’Arthur Mensch viennent de Meta (Facebook) : Guillaume Lample est l’un des créateurs du modèle de langage LLama, dévoilé par Meta en février, et Timothée Lacroix était lui aussi chercheur chez Meta.
Avec 22 employés spécialisés en IA, Mistral AI propose des modèles de langage en open source aux entreprises. La levée de fonds démontre l’engouement suscité par la société, avec des investisseurs de renom tels que Xavier Niel, Rodolphe Saadé et l’ex-PDG de Google, Eric Schmidt.
L’Europe dans la course à l’IA
La levée de fonds de Mistral AI intervient au moment où l’Union européenne s’accorde sur une future régulation de l’IA qui ne bride pas l’innovation. Mistral AI représente un espoir pour l’Europe de rattraper son retard dans ce domaine stratégique. L’engagement du gouvernement français envers la tech est également manifeste, comme l’a montré la présence d’Arthur Mensch aux côtés du président Macron lors du salon Vivatech en juin et le soutien de l’ex-secrétaire d’État au numérique, Cédric O. Ce dernier peut défendre la start-up jusqu’au sommet de l’Etat, puisqu’il est aussi membre du comité interministériel sur l’IA générative créée en septembre par Elisabeth Borne.
Entamées mercredi 6 décembre, les négociations finales sur la régulation de l’intelligence artificielle en Europe ont abouti, vendredi dernier à un accord provisoire entre le Parlement européen et le Conseil, après plus de trente-cinq heures de discussions.
Premier texte de ce genre au monde, le règlement, nommé « Artificial Intelligence Act », vise à protéger les droits fondamentaux, la démocratie et l’environnement des risques potentiels liés à l’IA, tout en stimulant l’innovation pour faire de l’Europe un leader dans ce domaine.
Interdictions et obligations
Le texte, qui entrera en vigueur au plus tôt en 2025, sera accompagné de la création d’un office européen de l’IA, qui pourra infliger des sanctions financières allant jusqu’à 7% du chiffre d’affaires pour les entreprises en infraction, plafonné à 35 millions d’euros.
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