Le Comité Colbert, instance représentative du luxe français, a inauguré le 4 novembre dernier, une exposition dédiée aux savoir-faire à Shanghai. Cet événement grand public coïncide à la fois avec les 60 ans des relations diplomatiques entre la France et la Chine et avec les 70 ans du Comité Colbert.
Du 4 au 10 novembre, le Comité Colbert présente l’exposition « Jeux de mains » à Shanghai. Cet évènement propose un véritable dialogue entre le savoir-faire des Maisons françaises, au travers de démonstrations, et des artisans chinois d’exception, choisis par QiongEr, artiste curatrice de l’exposition (et fondatrice de Shang Xia, la marque chinoise d’Hermès.)
Cette présence en Chine, terre d’accueil du luxe hexagonal et occidental, confrontée à un abrupt changement des comportements de consommation – permet au Comité Colbert de mener à bien “une forme de « diplomatie culturelle », au cœur de sa mission voulue par Jean-Jacques Guerlain en 1954.
Aujourd’hui, le groupe représente pas moins de 113 Maisons de luxe françaises mais aussi institutions et établissements culturels français et européens.
La Maison de cognac Louis XIII (Rémy Cointreau), en prise avec des enquêtes anti-trust du gouvernement chinois ciblant les exportateurs de vins et spiritueux français, fait notamment partie du voyage.
Jeux de Mains
Intitulée « Jeux de mains », l’exposition, labellisée “année franco-chinoise du tourisme culturel” par l’Ambassade de France en Chine permet aux savoir-faire des artisans français des Maisons du Comité Colbert et aux artisans chinois d’exception de se répondre.
17 Maisons de luxe françaises prennent part à cette exposition culturelle, alors que le secteur n’en finit plus depuis un an de buter sur le redémarrage des ventes dans l’Empire du Milieu. Seul Hermès semble avoir trouvé la recette entre authenticité et rareté.
Parmi les Maisons participantes, figurent trois des “quinze sociétés pionnières du luxe d’après-guerre”, membres dès 1954 : l’orfèvre Christofle, le parfumeur Guerlain et le sellier Hermès. Outre ce dernier qui a ouvert une première boutique pékinoise dès 1997 et créé ex-nihilo la marque sinophile Shang Xia en 2010, et dont il est toujours actionnaire, on y trouve d’autres acteurs ayant un lien particulier avec le pays comme Léonard Paris, première Maison occidentale à avoir défilé à Shanghai ou encore Longchamp, présent depuis 2006. Chanel, fort notamment de la fascination de sa fondatrice pour la laque de coromandel, d’une première implantation à Pékin dès 1999 et des savoir-faire de son studio de création 19M, est également au rendez-vous. A cela, s’ajoute comme autre acteur majeur de l’artisanat hexagonal et de la transmission des savoirs, l’École des Arts Joailliers de Van Cleef & Arpels, fondée en 2012.
Certains des derniers entrants au Comité Colbert sont également du voyage comme le parfumeur Francis Kurkdjian (2016), le manufacturier de musique Henri Selmer (2019), le chausseur Christian Louboutin (2022) ou encore le spécialiste du son haute fidélité Focal (2023).
Enfin, rejoignant l’actualité brûlante, la Maison de cognac Louis XIII, fondée en 1874, propriété du groupe Rémy Cointreau, fait partie de ces acteurs majeurs du cognac en France. Tout à la fois joyau et œuvre d’art, la carafe en cristal ornée d’une fleur de lys requiert le travail méticuleux d’une dizaine de cristalliers. Or, 97% de la production de cognac est exportée, la Chine représentant à elle-seule un quart des exportations (769 millions d’euros en 2023) et le deuxième marché après les Etats-Unis.
On comprend alors toute la détresse du secteur devant la menace par Pékin de droits de douanes de l’ordre de 30 à 39% sur le cognac et l’armagnac. La Chine n’a en effet pas digéré la décision de l’UE début octobre de frapper d’une surtaxe de 35% les exportations de véhicules électriques chinois.
En ce qui concerne l’exposition, le choix des artisans tout comme la scénographie sont l’œuvre de l’artiste Jiang Qiong Er, réputée pour son expertise de l’artisanat chinois d’excellence. Elle dirige depuis une dizaine d’années Shang Xia, qu’elle a fondée aux côtés de la Maison Hermès, dont le but était de “remettre en valeur les savoir-faire artisanaux chinois et asiatique traditionnels à travers un design contemporain”.
Un lien privilégié avec la Chine depuis 2003
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Photo à la Une : Comité Colbert
