La dette publique française ne cesse de battre des records historiques : elle a atteint les 2.956 milliards d’euros au troisième trimestre.
Marc Touati, président du cabinet de conseil économique et financier indépendant “Aux commandes de l’économie et de la finance” (ACDEFI), s’alarme du poids de la dette française qui pourrait dépasser les 3.000 milliards d’euros l’an prochain.
Depuis début 2020, la dette publique a ainsi explosé de 581,9 milliards d’euros, tandis que le PIB n’a cru que de 161,3 milliards d’euros, inflation comprise. Depuis le troisième trimestre 2017, le grand écart entre ces deux variations donne le vertige : + 685,2 milliards d’euros pour la dette publique, contre + 322,7 milliards d’euros pour le PIB.
Un problème historique
Ce décalage entre la flambée de la dette publique et la faiblesse de l’augmentation du PIB n’est pas nouveau et n’a fait que s’aggraver depuis la fin des années 1990. Par exemple, début 1996, la valeur du PIB annuel français était de 1.228 milliards d’euros et la dette publique de 703 milliards d’euros, soit un écart à l’avantage du PIB de 525 milliards d’euros. Cet écart s’est à peu près maintenu jusqu’en 2008.
En 2017, l’écart est devenu négatif, pour ensuite se stabiliser en moyenne autour des 36 milliards d’euros à l’avantage du PIB jusqu’à la fin 2019 avant de repasser dramatiquement à l’avantage de la dette publique.
La France est le seul pays de la Zone Euro à avoir autant augmenté sa dette publique. Ces dernières années, plus le poids de la France dans la dette publique de la Zone Euro augmentait, plus son poids dans le PIB baissait. De 2012 à 2022, le premier est passé de 21% à 24,2%, tandis que le second a chuté de 21,3% à 20,3%.
Il y a quelques trimestres encore, cette flambée n’inquiétait pas outre mesure, principalement grâce ou plutôt à cause de la politique de la BCE, qui a permis de masquer la réalité du coût de la dette,. Mais l’heure du paiement a commencé à sonner. Le taux d’intérêt des obligations à 10 ans de l’Etat français est passé de 0% début 2022 à près de 3% depuis octobre dernier. Cela a engendré une augmentation de la charge d’intérêts de la dette d’environ 120 milliards d’euros sur dix ans.
La France se paie ainsi le luxe d’être « championne du monde » de la dette publique, hors Etats-Unis, Japon et Chine. Elle se place ainsi devant l’Italie (2.800 milliards d’euros), le Royaume-Uni (2.600 milliards d’euros), ou encore l’Allemagne (2.500 milliards d’euros).
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