[INTERVIEW] Entre passion et provocation, Yvan Arpa secoue le monde de l’horlogerie suisse

À l’occasion du Salon horloger Suisse Watches & Wonders, qui s’est tenu du 9 au 15 avril dernier au Palexpo de Genève, Luxus Plus a eu l’opportunité de rencontrer Yvan Arpa, le designer suisse de montres et fondateur de la marque ArtyA. Souvent qualifié de phénomène dans l’industrie horlogère, le créateur y a lancé sa dernière collection, Purity. Entretien.

 

Yvan Arpa, vous êtes le fondateur de la marque de montres suisses ArtyA. Quel a été votre parcours ?

 

J’ai commencé ma carrière en tant que professeur de mathématiques mais j’ai arrêté d’enseigner afin de me lancer dans la création. J’ai voulu me réorienter et j’ai décidé de me lancer dans l’industrie endémique suisse, plus précisément l’horlogerie.

 

C’est un secteur extraordinaire. Personne n’a besoin de montre mais la plupart des gens en portent. C’est aujourd’hui un grand symbole tribal masculin, un symbole d’appartenance, de statut. C’est un contenu d’émotion rationalisé par une mécanique. C’est aussi de l’art, de l’histoire. Il y a tellement de possibilités créatives.

 

Peut-on dire que vous faites des créations horlogères ?

 

L’horlogerie est un monde de création même si nous sommes tous habillés comme des banquiers. Cela me révoltait quand je suis arrivé dans le secteur. Ici, il y a des leaders qui utilisent des moyens marketings puissants et qui fonctionnent extrêmement bien. Ce sont majoritairement des marketeurs, rarement des passionnés du produit. On perd souvent l’esprit de création, de travail et de passion.

 

ArtyA, Purity Tourbillon

 

Pour ma part, j’ai fait beaucoup d’objets très provocants, c’est un peu la « stratégie Madonna ». Vous savez, elle a d’abord été critiquée pour ses musiques provocantes avant de devenir un carton commercial.

 

Vous avez cassé les codes de l’horlogerie dès votre entrée sur le marché ?

 

Oui mais pas par envie. C’est mon style, je ne me suis pas forcé. Il y a aussi des raisons de budget. C’était plus facile pour moi de créer quelque chose avec mes mains de A à Z, plutôt que de développer des hautes complications avec des équipes qu’il faut financer. C’était assez artisanal.

 

Comment est née votre marque ArtyA, en 2009 ?

 

C’est une combinaison de facteurs et une volonté d’indépendance créative. À l’époque, j’avais des dizaines de procès, tous mes comptes étaient gelés, je vivais de pommes de terre… Je n’avais pas d’argent. Il fallait que je fasse quelque chose et c’était la seule chose que je savais faire.

 

J’ai d’abord créé une marque horlogère en lien avec les arts martiaux, Black Belt Watch. J’ai fait beaucoup de compétitions à une époque. Je voulais faire une montre que l’on ne peut acheter que si on est ceinture noire, cela représente 17 millions de personnes à travers le monde. C’était finançable car il s’agissait d’un modèle unique mais le marché était de niche.

 

Vous êtes aujourd’hui exposé à Watches & Wonders, le plus beau Salon horloger au monde. C’est une belle réussite ?

 

Bien sûr, mais l’égo n’est pas un moteur intéressant. Il y a des valeurs plus saines que cela. Pourtant, je suis sûr que l’égo est le principal levier des personnalités qui ont marqué le monde de l’horlogerie. Du moins, au début, ça doit l’être parce que c’est un moment où il faut développer une énergie extraordinaire. On ne peut pas cracher sur l’égo, tout le monde en a, mais s’en nourrir et s’en gargariser, ce n’est pas viable.

 

Le public a pu découvrir les dernières nouveautés d’ArtyA lors de Watches & Wonders 2024. Pourquoi vos créations sont-elles assez différentes de ce que vous avez l’habitude de faire cette année ?

 



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Photo à la Une : © ArtyA

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Claire Domergue

Fondatrice et directrice de la publication de Luxus +, Claire Domergue est spécialiste en marketing du luxe. Avant de fonder le média d’information spécialiste de l’économie du luxe, Claire Domergue a travaillé pendant plus de sept ans dans le domaine de la communication pour les grands noms du secteur.

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Hugues Reydellet

Hugues Reydellet est un jeune journaliste passionné, dont les sujets de prédilection sont l'économie, la culture, la gastronomie, mais aussi l'automobile et le sport. Avec une plume acérée et une curiosité insatiable, Hugues est constamment à la recherche de nouvelles informations brûlantes à rapporter.

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