Les trimestres passent et le secteur du luxe est toujours confronté aux mêmes problématiques. Tout d’abord, un environnement macroéconomique difficile qui conduit les consommateurs à adopter un comportement de plus en plus exigeant, ce qui induit une détérioration de la demande de produits de luxe. Par ailleurs, le secteur est aussi confronté à la persistance du ralentissement du marché chinois, principal moteur des ventes dans le luxe. Dans ces conditions, la plupart des marques subissent un recul de leurs ventes à plus ou moins grande échelle. Seule une poignée d’entre elles parviennent à tirer leur épingle du jeu.
Au milieu du ralentissement qui affecte le troisième trimestre des grands acteurs du luxe, seules trois valeurs semblent se démarquer : Prada, Hermès et Cucinelli. Si Kering est particulièrement impacté, LVMH n’échappe pas à la morosité du secteur.
Toutefois des lueurs d’espoir se font jour avec les nouvelles mesures gouvernementales chinoises.
Prada et Hermès continuent d’impressionner avec un taux de croissance à deux chiffres
Le groupe Prada, dont l’action est cotée à Hong Kong depuis 2011, a une nouvelle fois dévoilé une croissance trimestrielle à deux chiffres (+18%) défiant le ralentissement de la demande mondiale de produits de luxe. Cela fait désormais 15 trimestres consécutifs de croissance ! Cette performance exceptionnelle est due à la résilience de la marque Prada et à l’élan soutenu de Miu Miu, positionnant le groupe comme une rare exception dans le secteur.
En effet, l’identité unique de Miu Miu, comme l’illustre le style de la mini-jupe et de la lingerie de sous-vêtements, a augmenté sa désirabilité et son influence dans l’industrie de la mode féminine. Miu Miu, bien que connaissant une croissance continue à deux chiffres, reste relativement modeste, avec une contribution d’environ 25 % du total des ventes au détail.
Même si Prada ne semble pas totalement à l’abri du ralentissement économique en Chine, le groupe confirme sa capacité à maintenir une trajectoire de marge progressive, signalant sa confiance dans sa capacité à atteindre une marge supérieure à son objectif à moyen terme (20%) pour la troisième année consécutive.
De son côté, Hermès n’a encore une fois pas déçu, avec une croissance de plus de 13% de son chiffre d’affaires. Grâce à une clientèle très aisée et fidèle, son activité a été relativement épargnée par la perte de confiance des consommateurs chinois. La croissance d’Hermès dans la zone Asie-Pacifique (hors Japon) a toutefois décéléré durant les mois d’été, atteignant 1 %, contre 5,5 % au deuxième trimestre. Cela étant, elle a été plus que compensée au Japon (+22,8 % au troisième trimestre).
Comme à son habitude, Hermès ne donne pas d’objectif annuel, mais la marge opérationnelle de 40% pourrait être maintenue, et ce malgré des impacts de change négatifs.
Cucinelli apparait comme la troisième et dernière valeur du luxe à tirer son épingle du jeu. Le spécialiste du cachemire a vu ses revenus croitre de +12,4% sur les 9 premiers mois de l’année. Une dynamique rendue possible par une offre quiet luxury désirable, une hausse des tarifs et de nombreuses ouvertures de boutique. Optimiste, la Maison italienne vise même une croissance de 10% pour l’ensemble de l’année 2024, autant dire un voeu pieux pour de nombreux acteurs du marché.
Moncler redescend sur terre
Lire aussi > Etude Bain – Altagamma 2024 : le luxe rencontre sa première phase de ralentissement en plus de 15 ans
Photo à la Une : Unsplash