La parfumerie en mode spirituel, et un retour, quasi étymologique, à l’origine même du mot parfum (du latin « per fumum », soit l’exaltation de fumées odorantes au cours de rites et d’offrandes aux dieux, des volutes pour mieux tutoyer le divin et l’immatériel…).
Récup marketing inévitable, inspirations sacrées et figures divines habillent depuis toujours de leur aura certains des jus devenus de véritables incontournables. Pour s’en convaincre, il suffit de voir Yves Saint Laurent avec Kouros, Rabanne (Puig) avec ses Invictus et Olympéa ou encore dernièrement de Divine de Jean-Paul Gaultier.
Plus près de nous, le phénomène rappelle un certain intérêt autour de ces nouvelles prises de conscience et autres recherche d’équilibre et de bien-être. Une approche holistique du parfum et de la cosméto, qui semble être devenue le leitmotiv de nombreuses marques et récents labels.
Cathédrale
De la messe Christmale du jeudi saint à l’encens que l’on brûle dans les églises, du lys épanoui de la Vierge Marie à la myrrhe des rois Mages, c’est un lien indéfectible qui unit l’odorat à la liturgie catholique… et qui inspire, ces dernières années encore, les parfumeurs. Trublion de la parfumerie, la marque d’Etienne de Swardt, État Libre d’Orange, lance en 2006, Divin’Enfant, un petit Jésus aux notes de tête doucereuses et qui très vite laisse place à quelque chose de beaucoup plus intrigant. Pour Fils de Dieu, créé en 2012, ça n’est rien de moins que la traduction olfactive du paradis que propose la marque, avec ses notes de riz et accords venus des tropiques… Pas de doute non plus sur la source d’inspiration, avec cette imagerie d’une Italie aussi pieuse que glamour, pour le Devotion de Dolce & Gabbana, et son flacon orné d’un ex-voto.
Nettement plus confidentiel, Unum, la maison fondée en 2001, à Rome, par « le tailleur des papes » Filippo Sorcinelli, en parallèle de son atelier de confection de vêtements liturgiques, pour ses compositions, il s’inspire des huiles sacrées qui parfument les ornements au cours des cérémonies religieuses, comme dans lavs, anagramme de Laboratoire Atelier Vêtement Sacré. Le 15 avril 2019, l’incendie de Notre-Dame inspire au parfumeur un hommage. L’extrait de parfum Notre Dame traduit la spiritualité des lieux dans un accord boisé-fumé-floral. Stéphanie de Bruijn, pour sa marque éponyme, rend elle aussi hommage à un autre lieu sacré de la capitale, la basilique du Sacré-Cœur, avec le tout simplement bien-nommé Sacré-Cœur.
Un peu plus blasphématoire, La religieuse de Serge Lutens en 2015, serait-ce un écho à celle Diderot ? En tout cas celle de Lutens était en blanc, sensuelle et faussement virginale, avec cette construction tout en ambivalence et qui bascule entre jasmin et encens…
Parfums cultes
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Photo à la Une : Campagne pour l‘eau de parfum Divine par Jean-Paul Gaultier © Jean-Paul Gaultier