CARRIÈRE: LES FORMATIONS SUPÉRIEURES QUI FONT LA DIFFÉRENCE DANS LE LUXE

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Le luxe fait rêver autant qu’il suscite des vocations. Les postes à responsabilités, gages de réussite professionnelle, y sont très convoités. Seulement, selon Nicolas Chalon, qui a enquêté en décembre 2016 pour le Nouvel Economiste, seules les formations d’excellence mènent à de véritables débouchés. Son constat est sans appel. Il titre: « Formations supérieures dans le luxe, d’exception sinon rien ». Rappelons que la France est une terre de luxe, le pays de Dior, Chanel, et tant d’autres. Profondément ancrée dans la culture, cette industrie est aussi très florissante. Il n’est donc pas étonnant que les emplois du secteur attirent. Les formations ayant attrait au luxe rencontrent un franc succès et se multiplient. Les étudiants s’y bousculent, et pourtant, une fois leur diplôme en poche, un bon nombre d’entre eux ne parvient pas à s’insérer professionnellement.

Selon Thibault de la Rivière, le directeur de Sup de Luxe, « environ 4 000 jeunes peuvent aujourd’hui prétendre disposer d’un diplôme dans le luxe, pour environ 300 postes juniors grand maximum ». Bien que le secteur continue de se développer et d’embaucher à un rythme régulier, les places sont peu nombreuses et réservées aux candidats ayant suivi les formations les plus pointues, les plus exigeantes et les plus élitistes.

Il s’agit souvent des plus anciennes. Selon Thibault de la Rivière, ces formations assurent « la transmission des racines du luxe, qui est presque aussi importante que les créations elles-mêmes ». C’est une garantie de sérieux et de crédibilité.

Le temps a permis à ces écoles de se constituer des réseaux de partenaires prestigieux, et d’anciens élèves occupant aujourd’hui des postes importants aux quatre coins du monde. A ce titre, L’Essec, HEC, et l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée se distinguent tout particulièrement auprès des entreprises. Les autres formations, plus récentes et dont le réseau est moins étendu, sont tout de même susceptibles, elles-aussi, de déboucher sur l’emploi, mais les postes pourvus sont généralement moins valorisants et moins bien payés.

Des filières élitistes tournées vers l’international et le retail.

Quels profils professionnels les formations d’excellence souhaitent-elles donc encourager? « À l’époque, se remémore Simon Nyeck, directeur du centre de l’Essec, la priorité était de former des middle-managers prêts à partir immédiatement sur des marchés étrangers pour y développer les marques. Mais aujourd’hui bien implantées, celles-ci se sont mises à recruter localement. Elles n’envoient plus que des tops managers, de type MBA, avec déjà une solide expérience ».

L’objectif est de former des profils ouverts à l’international et très imprégnés de la culture des marchés qu’ils intègrent. En effet, le luxe s’est mondialisé. Qu’il soit en Asie où aux Etats-Unis, là où son chiffre d’affaires est devenu plus important qu’en Europe, il se développe désormais selon des particularités locales. Il n’obéit plus à un modèle standard qu’il suffit de reproduire. Le directeur de Sup de luxe souligne que « tous ne parleront bien sûr pas un chinois impeccable, mais à travers la langue, c’est en fait toute une culture qu’on véhicule. Et pour vendre le luxe et générer l’envie, comprendre une culture est l’atout numéro un ». Au niveau des compétences recherchées, bien que la révolution digitale apporte son lot de nouveaux jobs, on assiste à un retour des spécialistes en retail. Avec le développement du marketing expérientiel, la vente en boutique reste sur le devant de la scène ! En parallèle, la valorisation des savoir-faire d’excellence, trop longtemps mise à l’écart, s’impose aussi comme une nécessité. Les compétences dans ce domaine sont très recherchées. « Les fonctions de type marketing de gestion ont longtemps concentré tous les efforts des entreprises, mais le projecteur se braque désormais sur les deux bouts de la chaîne : a création des produits et leur vente », explique Nicolas Chalon.

 

 

 

La revalorisation des métiers souffrant d’un déficit d’image

Au-delà des hautes études qui mènent à des postes à responsabilités dans les entreprises, il existe un nombre important de métiers dans le luxe et la mode qui sont pourvoyeurs d’emplois et qui ne nécessitent pas de se lancer dans un parcours du combattant pour s’insérer dans une entreprise.

En décembre 2016, Le Monde consacrait l’un de ses sujets aux métiers méconnus de la mode et de la décoration, à l’occasion du forum « Les dessous de la mode » organisé par La Fabrique, une école spécialisée dans la filière, en partenariat avec les fédérations professionnelles et Pôle emploi.

Pas moins de 10 000 emplois sont à pourvoir dans l’industrie du textile et de l’habillement français en raison des départs en retraite. Une véritable aubaine pour les amoureux de la mode. L’école La Fabrique, qui dépend de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France, a été créée il y a trois ans pour offrir une alternative aux « métiers du marketing et de la création, qui sont saturés, pour valoriser des professions qui souffrent d’un vrai déficit d’image, donc d’attractivité », explique Chantal Fouqué, la directrice. De son côté, la journaliste Caroline Rousseau, explique dans le Monde, que « travailler dans la mode et le luxe ne consiste pas seulement àdevenir styliste ou directeur artistique ». Il faut se débarrasser des clichés pour parvenir à élaborer un projet professionnel concret. Quelles sont alors les voies à privilégier?

Les métiers techniques de l’habillement ou du cuir, communément appelés les métiers de la « fashion tech », ainsi que le merchandising et la vente, « à l’heure où le secteur cherche à renouveler l’expérience du consommateur lorsqu’il se rend dans un magasin » sont porteurs. Chantale Fouqué précise: « Entre 83 % et 90 % de nos élèves trouvent un emploi dans les six mois suivant l’obtention de leur diplôme ».

L’alternance, la clé de la réussite ?

Valentin Gago, ancien élève, qui, après avoir obtenu un bac professionnel, a opté pour cette voie, et intégré une formation en merchandising à La Fabrique témoigne : « L’alternance m’a permis de travailler dans huit entreprises différentes et d’engranger des expériences professionnelles dans un but précis : monter un concept store de déco et textile à Carthagène, en Colombie, qui mêlerait artisanat sud-américain et français ». L’alternance est la clé de la réussite. L’école fait partie des neuf partenaires d’Hermès qui enrôlent des apprentis chaque année pour perpétuer ses savoir-faire artisanaux. On connait toute l’attention portée par la marque à la valorisation des métiers d’art. En novembre 2016, 43 000 visiteurs, parmi lesquels 180 élèves de primaire, collège et lycée, et 200 élèves d’école d’art et étudiants du supérieur s’étaient rendus à son évènement « Hermès hors-les-murs » au Carreau du Temple, qui visait à faire découvrir les carrières dans l’artisanat.

Pour en arriver là, « on doit évoquer l’ambiance de l’atelier, rappeler qu’un artisan peut travailler au bureau d’étude, au prototypage, comme formateur, à l’étranger pour effectuer les réparations des sacs, ou être un jour promu contremaître », explique Emmanuel Pommier, directeur général du pôle artisanal d’Hermès maroquinerie sellerie. « Qu’ils aient un diplôme ou pas, les candidats motivés peuvent faire un beau parcours chez nous. On en voit aussi de plus en plus venir après une première expérience professionnelle en compta, un bac + 4 ou une licence de lettres, ils se lancent en assumant pleinement le choix d’un travail manuel ou technique ». Hautes études, oui mais pas seulement ! Des métiers spécifiques à la fabrication artisanale tels que ceux des sec teurs de la maroquinerie mais aussi de la fourrure, et de la chaussure haut de gamme, méritent aussi que l’on s’y intéresse. « Ces métiers de l’industrie du luxe font la renommée de la France et attirent de plus en plus de jeunes, fascinés par un secteur en pleine expansion », écrivait L’Express en 2016. La France compte effectivement 150 entreprises de fourrure. Les collections faites dans cette matière rencontrent un franc succès, notamment auprès des clientèles russe et asiatique. La minutie et la technique sont de rigueur, « il faut en moyenne six ans d’études avant d’être opérationnel », fait savoir le président de la Fédération française des métiers de la fourrure. Ces études débutent généralement par un CAP fourrure qui se prépare en apprentissage dans l’un des deux CFA français implantés à Lyon et à Strasbourg.

Concernant les métiers de maroquinerie, ils sont accessibles grâce à un CAP maroquinerie ou un bac professionnel métiers du cuir option maroquinerie. Les études peuvent se poursuivre en BTS métiers de la mode chaussure et maroquinerie, proposé au lycée d’Alembert à Paris, au lycée Dauphiné à Romans-sur-Isère ou au lycée de la mode à Cholet.

Quant au secteur de la chaussure, en perte de vitesse dans le commerce de masse, il se trouve être un marché en plein essor dans le haut de gamme. Il est possible d’y travailler en obtenant deux diplômes: un bac professionnel métiers du cuir option chaussures et un BTS métiers de la mode chaussure et maroquinerie.

Martine Ouanson, chef de travaux au lycée d’Alembert, qui propose ces formations à Paris, explique que son établissement travaille régulièrement avec des entreprises prestigieuses comme Hermès, Vuitton, Mephisto ou l’Opéra de Paris. Un privilège pouvant être accordé à vingt-quatre élèves dans le lycée, mais qui ne concerne actuellement que cinq élèves. Les places demandent donc à être occupées.

Par Guillaume ROIGNOT

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