Trois ans après avoir acheté Paris Society, Accor se sépare des établissements festifs et nocturnes du groupe possédant les meilleures adresses de Paris. Grâce à la reprise d’une vingtaine d’établissements, le fondateur historique du groupe Paris Society, Laurent de Gourcuff, qui en avait gardé la direction, recrée un nouveau groupe dont on ne connait pas encore le nom. Il détiendrait 70% du capital de la nouvelle entité, tandis que le groupe de spiritueux Pernod Ricard devient actionnaire minoritaire à 30%.
L’ambition est claire : devenir le leader de la nuit en France. Maxim’s, Bonnie, Baronne, Gigi, Laurent, Girafe, Apicius, Monsieur Bleu, Beau Coco, Louie, Perruche, Le Piaf… Autant de restaurants, clubs, hôtels et lieux événementiels haut de gamme ultra branchés et animés. Connus pour leur carte savoureuse, leur décoration soignée hautement instagrammable et leur ambiance festive, ces 60 établissements, qui composent la galaxie Paris Society, sont devenus des incontournables, tant sur la scène de l’hospitality que pour la vie nocturne tricolore, attirant le Tout-Paris et les étrangers en quête d’adresses chics et tendances.
Accor se repositionne
Fortes de ces trois piliers lucratifs, ces établissements ne cessent de se développer ou de se réinventer depuis quelques années. “Si les restaurants sont plus gourmands que gastronomiques, c’est parce que la clientèle de Paris Society cherche avant tout une ambiance et un lieu hors du commun” expliquait en 2023 son fondateur, Laurent de Gourcuff. C’est d’ailleurs ce qui avait encouragé le groupe Accor à investir dans cette firme en 2022. Aujourd’hui, la société semble vouloir se concentrer sur sa branche hôtelière et gastronomique, délaissant ces activités nocturnes.
Un repositionnement stratégique pour le spécialiste du voyage ayant ouvert 293 hôtels en 2024, avec un objectif de 1 200 ouvertures entre 2023 et 2027. Accor dénombre 45 marques divisées en plusieurs catégories, comme les luxueuses Orient Express, Fairmont et Raffles ; les premiums avec Pullman et Mövenpick ; et les milieux de gamme et économiques Novotel, Mercure ou encore Ibis. En 2024, le groupe Accor a enregistré un chiffre d’affaires global de 5 606 millions d’euros, soit une croissance de +11 % par rapport à 2023. Sa division luxe et lifestyle s’est particulièrement distinguée avec une hausse de revenus de 19%.
Laurent de Gourcuff et le groupe Pernod Ricard
La nightlife élégante et select promue par Paris Society retourne ainsi dans les mains de son fondateur et dirigeant Laurent de Gourcuff qui, en rachetant les parts d’Accor, possède désormais 70% de la nouvelle entité créée. Parmi les établissements cédés par Accor pour rejoindre cette entité figurent notamment Castel, Les Planches, le Raspoutine, Les Jardins de Bagatelle ou encore le Deflower.
En 2021, juste avant le rachat par Accor, l’homme d’affaires déclarait aux Echos Entrepreneurs : “Accor nous apporte la taille, le réseau et la solidité en nous laissant les mains libres. Le meilleur des deux mondes”. La récente revente (ou restitution) permet à Accor de recentrer son activité sur la restauration, notamment ses adresses branchées dont il souhaite poursuivre le développement (Gigi, Beaucoco…).
Aujourd’hui, Laurent de Gourcuff va régner seul sur le monde de la nuit. Selon les informations du magazine Challenges, le montant de la cession de ce nouveau groupe au nom encore inconnu s’élèverait à 43 M€, auxquels doivent être ajoutés 37 M€ de dette, soit un total de 80 M€.
Actionnaire majoritaire certes, mais Laurent de Gourcuff compte parmi ses investisseurs le groupe de spiritueux Pernod Ricard, qui détient 30% du capital de Paris Society. Cette participation minoritaire permet à la firme (Mumm, Perrier-Jouët, Absolut, Ricard, Pastis 51, Suze…) de diversifier ses activités en ciblant directement les lieux de consommations de sa clientèle sans faire barrage à la concurrence. A l’heure où le volume mondial des spiritueux a chuté de -2% en 2024 d’après IWSR et que le groupe a enregistré une baisse de croissance de -1% en organique à 11,6 milliards d’euros, cet investissement intègre une stratégie de différenciation, misant sur la solide santé financière de Paris Society.
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Photo à la Une : © Bonnie