Destination fétiche des vacanciers, la Méditerranée est de plus en plus victime de son succès, au grand dam de la qualité de vie de ses locaux. Alors que la grogne monte contre cette vague de “surtourisme”, la Grèce et l’Italie sont déterminées à mettre à contribution les vacanciers pour financer l’économie locale.
Deuxième destination mondiale de vacances en 2023, l’Espagne a connu cet été des manifestations monstres à Malaga et Cadix, de la population excédée par l’invasion des touristes.
Le pays de Cervantes tout comme ses proches voisins méditerranéens, l’Italie et la Grèce, sont victimes de cette douceur de vivre qui déversent sur leurs plages un flot croissant de visiteurs.
Or, de nombreuses destinations méditerranéennes ne disposent ni de la place ni des infrastructures nécessaires pour faire face aux 500 millions de touristes par an attendus d’ici 2030.
En effet, l’accroissement de la population mondiale, la démocratisation de l’accès aux vacances à la surface du globe tout comme l’augmentation de la richesse par tête et l’allongement de l’espérance de vie ont eu pour effet de conduire au phénomène du “surtourisme”. Les réseaux sociaux et la pandémie ont accentué la quête d’un ailleurs insolite, méconnu et préservé.
Mais toutes les destinations ne sont pas logées à la même enseigne. En raison du climat, de l’instabilité politique de certains pays et du besoin d’infrastructures ad hoc, 95% des visiteurs mondiaux se concentrent sur 5% des terres émergées.
Or, les hordes de touristes n’apportent pas que des nuisances sonores ou des comportements indélicats : l’ONG WWF considère que 52% des détritus présents dans la Grande Bleue sont dus au tourisme balnéaire.
Face à la masse croissante de touristes, la Grèce et l’Italie prennent de nouvelles mesures de régulation.
La Grèce cible les croisiéristes
“Le touriste en croisière n’est pas un touriste qui laissera de l’argent en ville. La croisière amène des personnes qui disposent d’un budget prédéfini […] Le client de la croisière n’est là que pour acheter des choses bon marché, des cadeaux, des aimants décoratifs pour se rappeler les lieux qu’il a visités, pour prendre deux ou trois photos et dire : “Me voilà à Santorin !” a ainsi déclaré un habitant grec, interrogé par le média grec Inside Story fin 2023.
Un propos qui ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir.
Mykonos et Santorin reconnus comme des destinations très prisées pour leur cadre de vie et leur caractère instagrammable vont se joindre aux mesures de régulation.
Or, à l’image de Venise qui a choisi de faire payer un ticket d’entrée de 5 euros les jours de fortes influences aux visiteurs d’un jour, Mykonos et Santorin succombent à la logique du parc à thème.
Ainsi, les croisiéristes débarquant sur ses deux îles des cyclades “mises sous pression par l’industrie des croisières” devront s’acquitter d’un ticket de 20 euros pour débarquer sur ses côtes.
Contrairement à l’Espagne ou à l’Italie, le gouvernement grec se refuse de parler de « problème structurel lié au surtourisme », son premier ministre Kyriakos Mitsotakis préférant évoquer « un problème dans certaines destinations, certaines semaines ou certains mois de l’année ».
Ce dernier justifie la mesure afin « d’intervenir sur le nombre de navires arrivant en même temps à une destination », en jugeant nécessaire « de mettre des freins sur des îles où nous considérons que les limites des infrastructures sont testées ».
En 2023, ce sont 800 bateaux de croisière qui ont acheminé 1,3 millions de passagers à Santorin, une île comptant 15 500 habitants à l’année seulement, selon l’Association des Ports Grecs.
Or, sur les 32, 7 millions de touristes qui ont visité la Grèce l’année dernière, un sur dix s’est rendu à Santorin.
A l’AFP, la ministre du Tourisme Olga Kefalogianni a considéré que pour juguler l’afflux de touristes dans cette île des Cyclades, il fallait établir “des quotas”. Cette proposition s’ajoutant à la mesure prévue pour 2025 et fixant à 8000, le nombre annuel de croisiéristes habilités à accoster à Santorin.
Plébiscitée, la Grèce pourrait d’ailleurs battre un nouveau record de fréquentation cette année selon la ministre du tourisme et ce malgré le fléau des méga-feux et sa vague de chaleur. Le tourisme est crucial pour la région dans la mesure où il représente près d’un quart du PIB et emploie une personne sur cinq.
L’italie envisage d’augmenter la taxe de séjour
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