Paris Fashion Week : Alexander McQueen rate son hold up créatif

Alexander McQueen a fait défiler la première collection de Seán McGirr. Conservant une certaine continuité avec l’univers gothique cher au fondateur, le nouveau directeur artistique imprime sa patte et l’ombre d’un père garagiste. Pour autant, après le génie Lee Alexander et la reconnaissance unanime de son ex-bras droit Sarah Burton, le constat de la sphère mode est sans appel : l’essai reste à transformer.

 

Avec sa nomination à la tête de la création de Alexander McQueen en octobre dernier, Seán McGirr était – à l’instar des débuts de Chemena Kamali chez Chloé – incontestablement l’un des créateurs les plus attendus de la Fashion Week de Paris.

 

Le nouveau venu succède à Sarah Burton – 26 ans à la tête de la création – mais la tâche est ardue alors qu’il est le premier des créateurs à ne pas ne pas avoir connu feu le fondateur, reconnu par beaucoup comme rien de moins que le plus grand designer de mode du siècle.

 

Si l’univers gothique période années 1990 et le profil Working class hero à la Lee Alexander McQueen sont bien visibles, l’irlandais de 35 ans imprime sa patte à travers la maille et l’univers automobile, offrant au passage une dose de ludisme ironique, d’ordinaire plutôt visible chez des Moschino et Viktor & Rolf.

 

Une succession impossible ?

 

Interrogé au micro de Fashion TV en 2006, le fondateur Lee Alexander McQueen avait déclaré en 2006 quant à un éventuel passage de flambeau : « Si jamais je quitte mon entreprise, je la brûlerai pour que personne ne puisse y travailler.” Et d’ajouter “cette personne devrait inventer les concepts de mes défilés, qui sont si personnels, comment cela serait-il possible ? À moins qu’elle ne se transforme en podium de l’inexistence ».

 

Pourtant, tout augurait du meilleur chez Seán McGirr, qui a déclaré vénérer le travail de celui qui plus qu’un designer, a porté le savoir-faire tailleur dans la mode à un niveau jamais atteint. Le successeur d’Alexander McQueen a aussi expliqué avoir digéré de nombreux éléments d’archives de la Maison dont The Birds  – cinquième défilé du fondateur (Printemps-été 1995).

 

Pour autant, de l’avis des fans de la première heure d’Alexander McQueen, il y a quelque chose qui cloche dans ce traitement du gothique, au point d’aboutir à une image malgré tout trop lisse pour être crédible. Certains pourraient même entrevoir le signe de la financiarisation du luxe et de son intérêt à proposer un show “tout public” et donc largement édulcoré.

 

© Alexander McQueen

 

Pour Steve Salter, Content & Brand Strategist, le principal reproche porte sur le mépris de l’art du tailleur que maitrisait parfaitement Lee Alexander McQueen, “Ma plus grande critique à l’égard de cette première collection est la naïveté de l’exécution. Bien que sévère, je la compare à une collection de fin d’études et je dois remettre en question l’équipe du studio au-delà de son directeur créatif âgé de 35 ans.”

 

Ainsi, Seán McGirr donne l’impression de passer à côté de cet univers singulier et oppressant à mi-chemin entre le monde laborieux de Charles Dickens et la noirceur d’un Edgar Allan Poe. Ainsi, le grotesque morbide semble être l’un des rares liens de filiation. On observe ainsi la renaissance du motif en forme de crâne comme vidée de la symbolique du memento mori (conscience de la finitude de l’existence, ndlr) mais réduite à un simple argument marketing pensé pour être “transgressif” auprès des jeunes générations.

 

Ode à l’irlande natale

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Photo à la Une : © McQueen

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Victor Gosselin
Victor Gosselin est journaliste spécialisé luxe, RH, tech, retail et consultant éditorial. Diplômé de l’EIML Paris, il évolue depuis 9 ans dans le luxe. Féru de mode, d’Asie, d’histoire et de long format, cet ex-Welcome To The Jungle et Time To Disrupt aime analyser l’info sous l’angle sociologique et culturel.
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