Plombé par Gucci et le marché chinois, Kering a encore affiché des ventes en fort recul au troisième trimestre et a révisé fortement à la baisse ses prévisions de résultats opérationnels annuels. De son côté, Hermès a continué sur sa belle lancée entre juillet et septembre.

 

Le contraste est frappant : quand Kering vient d’annoncer, le 23 octobre au soir, des résultats en chute libre au troisième trimestre, Hermès a levé le voile, le lendemain, sur une activité toujours dynamique entre juillet et septembre

 

Le chiffre d’affaires du groupe dirigé par François-Henri Pinault, notamment plombé par sa maison phare Gucci et par le marché chinois, a ainsi reculé de 15% en publié et de 16% en comparable à 3,8 milliards d’euros au troisième trimestre 2024. C’est encore moins bien que la baisse de 12% (en comparable) à laquelle s’attendaient les analystes.

 

Mais la chute de son résultat opérationnel courant en 2024 devrait être encore plus problématique. “Après le ralentissement plus marqué qu’attendu constaté au cours du troisième trimestre”, et “compte tenu des incertitudes élevées pesant sur l’évolution de la demande des consommateurs du luxe au cours des prochains mois”, Kering a prévenu, via son communiqué, que son résultat opérationnel courant pour l’exercice 2024 “pourrait être de l’ordre de 2,5 milliards d’euros”. C’est presque la moitié de celui de 2023 (4,7 milliards d’euros), lui -même en recul par rapport à celui de 2022 (5,589 milliards d’euros). Et cela signifierait que le bénéfice d’exploitation du second semestre chuterait de 50% à 1 milliard d’euros.

Hermès en forme

 

De son côté, Hermès a présenté une toute autre copie pour son troisième trimestre. Ses ventes ont en effet continué “leur progression” (+ 11 % à taux de change constants et de 10 % à taux de change courants) à 3,7 milliards d’euros.

 

“Toutes les régions sont en croissance, malgré une base de comparaison particulièrement élevée en Europe et en Asie Pacifique”. C’est aussi le cas de toutes ses divisions, à l’exception de l’Horlogerie.

 

Sur les neuf premiers mois, son chiffre d’affaires consolidé progresse de +14 % à taux de change constants (11 % à taux de change courants) à 11,2 milliards d’euros.

 

Axel Dumas, gérant d’Hermès, a félicité “l’ensemble des collaborateurs” pour cette “performance robuste du troisième trimestre”, et remercié ses clients pour leur fidélité”. “Fort de la singularité de son modèle, Hermès poursuit ses recrutements et ses investissements de long terme.” Le sellier a ainsi ouvert en septembre sa vingt-troisième maroquinerie à Riom dans le Puy-de-Dôme.

 

De son côté, chez Kering, François-Henri Pinault, le PDG a expliqué que son groupe mettait en œuvre «avec discipline et détermination” “une transformation profonde” de son “groupe et tout particulièrement chez Gucci, dans un moment où l’ensemble du secteur du Luxe fait face à des conditions de marché défavorables”. “Nos performances en sont affectées significativement à court terme” a-t-il constaté.

 

Quelques notes d’espoir pour Gucci

 

Plus en détails, Kering a été particulièrement affecté par la mauvaise santé persistante de sa Maison phare, Gucci.

 

Au troisième trimestre, son chiffre d’affaires a plongé de -26% en publié (-25% en comparable) à 1,6 milliard d’euros.

 

Les ventes dans le réseau en propre baissent ainsi de 25% en comparable, la “Maison étant particulièrement impactée par les conditions de marché, notamment en Asie Pacifique”.

 

La chute des ventes gros (Wholesale) est encore plus spectaculaire (-38% en comparable), ce que Kering explique “par la stratégie de rationalisation de ce canal de distribution et le contexte de marché difficile”.

 

Gucci
©Gucci

 

Kering a cependant distillé plusieurs notes d’espoir.

 

Armelle Poulou, la directrice financière de Kering, a ainsi expliqué à la presse, que la nouvelle offre marquée par un “tournant esthétique”, imaginée par Sabato de Sarno, le nouveau directeur artistique depuis début 2023, était  » très bien accueillie” par la base de clients existants. Armelle Poulou a cependant admis que « le défi” était “de continuer à intensifier le recrutement de nouveaux clients” mais que cela était “aussi lié au contexte économique et à la baisse du trafic ».

 

Le communiqué de Kering a pour sa part souligné que “le renouvellement de la catégorie Maroquinerie, avec l’introduction de nombreuses nouveautés en fin de trimestre”, était “bien engagé”.

 

Selon Armelle Poulou, Gucci a aussi musclé sa communication, avec par exemple, sa dernière campagne mettant en avant son sac à main très luxueux Blondie et l’héritage de la Maison.

 

Enfin, Gucci vient d’annoncer, début octobre, la nomination de Stefano Cantino à la direction générale. Déjà directeur adjoint, il remplacera à ce poste Jean-François Palus, un proche de François-Henri Pinault, début 2025.

 

Et l’organigramme va encore s’enrichir, d’ici la fin de l’année, “de nouveaux cadres supérieurs pour diriger la communication », a précisé Armelle Poulou.

 

Bottega Veneta et Kering Eyewear, les deux exceptions

 

A l’exception de Bottega Veneta, les autres Maisons de Kering ont aussi fait pâle figure au troisième trimestre.

 

Chez Bottega Veneta, les ventes ont ainsi progressé de +4% en  publié(+5% en comparable) à 397 millions d’euros, boostées notamment par sa Maroquinerie et son réseau en propre (+9% en comparable), porté par une hausse à deux chiffres en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. L’activité gros (Wholesale) a cependant décru de 10% en comparable.

 

En revanche, le chiffre d’affaires d’Yves Saint Laurent a reculé de 13% en publié (-12% en comparable) à 670 millions d’euros, son canal gros (Wholesale) ayant lui-même dégringolé de 20% en comparable.

 

Pour retrouver de l’allant, la Maison prévoit de nombreux lancements de Maroquinerie, d’ici la fin de l’année.

 

Les Autres Maisons ont également été entraînées vers le bas au troisième trimestre (-15% en données publiées et -14% en comparable à 686 millions d’euros), plombées elles aussi par le gros (Wholesale), en retrait de 28% en comparable. Les lignes de maroquinerie de Balenciaga ont toutefois enregistré “de très bonnes performances” tandis que le second défilé sous la nouvelle identité d’Alexander McQueen a “reçu un accueil très enthousiaste” et que “Brioni poursuit sa croissance”. La performance des Maisons de Joaillerie est, elle, “résiliente”.

 

Encore modeste et récente, la division Kering Eyewear et Corporate se distingue par des revenus en croissance de 32% en publié à 440 millions d’euros. Mais en comparable, la hausse se limite à + 4% : le segment intègre en effet “également l’activité de Kering Beauté qui est portée par la contribution significative de Creed”.

 

Important ralentissement au Japon

 

Sur le plan géographique, Kering évoque des “tendances par région”, qui “se dégradent par rapport au deuxième trimestre, notamment en Asie-Pacifique et au Japon, qui subit un important ralentissement”.

 

L’activité en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest est, elle, contrastée selon les Maisons.

 

La “priorité absolue” pour le groupe est désormais, selon François-Henri Pinault, “est de créer les conditions d’un retour à une croissance saine et durable, tout en renforçant encore la maîtrise de” ses “coûts et la sélectivité de” ses “investissements”. “Nous avons la stratégie, l’organisation et les talents pour atteindre ces objectifs. » a-t’il affirmé.

 

Hermès toujours en forme

 



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Lire aussi > Kering : des difficultés persistantes chez Gucci et un deuxièmeprofit warning pour le groupe de luxe 

 

Photos à la Une : ©Kering

Picture of Sophie Michentef
Sophie Michentef
Sophie Michentef a évolué plus de 30 ans dans la presse professionnelle. Pendant une quinzaine d’années, elle a encadré la rédaction France et international du Journal du Textile. Elle met désormais son expertise presse, textile, mode et luxe au service de journaux, organisations professionnelles et entreprises.
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