NellyRodi, agence de conseil spécialisée dans les industries créatives, a récemment présenté à Paris son analyse des futures tendances dans le domaine de l’horlogerie et de la joaillerie. Dans un entretien exclusif accordé à LUXUS PLUS, Clara Arnoulx de Pirey, Directrice Luxe de NellyRodi, nous a livré sa vision sur l’avenir du secteur.
Les marques de luxe se réinventent et repoussent les limites de leur créativité autour de la joaillerie et de l’horlogerie. Et le secteur reste porteur malgré un climat économique incertain.
Clara Arnoulx de Pirey, Directrice du pôle luxe de NellyRodi a présenté à LUXUS PLUS la dernière étude prospective « Watches & Jewelry’s New Era », consacrée aux dernières grandes tendances de l’horlogerie et de la joaillerie.
LUXUS PLUS : Quels changements dans le luxe ont amené NellyRodi à faire cette étude ?
Nous avons de nombreux clients dans l’univers de l’horlogerie joaillerie en France ou en Suisse et nous constatons que ces secteurs sont en mouvement permanent, évoluent sans cesse. Le partenariat entre Tiffany & Co et Pharell Williams ou la collaboration entre Audemars Piguet et Travis Scott sont des signes forts d’une nouvelle incarnation pour les marques. Chaumet signe les médailles des J.O. pour recréer un lien avec la performance, qui est au cœur de la Maison mais pas forcément connue du grand public. Il y a aussi toutes les marques qui se développent autour de l’or recyclé ou du diamant de synthèse. Toute cette dynamique répond aux challenges de demain. Par ailleurs, nous observons une demande croissante de la part des clients, quel que soit leur âge ou leur nationalité. Ils sont de plus en plus experts et exigeants sur les produits et l’expérience. Enfin, le secteur est aussi devenu très concurrentiel. A côté des acteurs légitimes et historiques, arrive toute une nouvelle garde de marques très agiles. De grands clients de joaillerie, qui achètent traditionnellement place Vendôme, mixent leurs achats avec les pièces de ces jeunes créateurs qui savent parfaitement incarner leur marque et développent tout un univers autour de leurs bijoux, un lifestyle auquel les clientes ont envie de s’identifier. Elles veulent faire partie de la « communauté ». Cette notion de proximité et d’appartenance est importante.
Le sourcing des pierres ou des métaux précieux, la production, l’évolution des styles de vie évoluent aussi, entraînant la recherche de nouveaux matériaux ou de nouveaux portés. En cela, ce qui se passe dans la mode fait école en horlogerie et en joaillerie. C’est ce qui nous a amenés à faire cette étude : quel sont les nouveaux critères de désirabilité et quel serait leur impact sur des stratégies marketing ou communication des marques ?
L+: La désirabilité du luxe est-elle en danger ?
Un produit de luxe est intrinsèquement désirable. Mais dans la désirabilité entrent en jeu plusieurs facteurs. Quand nous parlons avec nos clients, nous voyons que l’éthique et la responsabilité reviennent souvent dans le sujet de la désirabilité et deviennent un marqueur différenciant. Cela peut se traduire par le fait d’intégrer la seconde main dans son offre (exemple de Bucherer avec les CPO de Rolex ou encore son partenariat avec Sotheby’s), de repenser l’utilisation de certains matériaux, en particulier pour diminuer les émissions de carbone. Rendre sa marque désirable, c’est aussi apporter de la valeur aux clients, créer une interaction durable et mémorable avec eux, avec une vision à long terme en se gardant d’une démarche trop opportuniste. Entretenir la désirabilité, cela signifie aussi ouvrir ses coulisses, exprimer son histoire de marque, créer des portés plus innovants, s’inspirer des codes du divertissement, imaginer des lieux d’interactions immersifs avec des produits en ayant toujours en tête les codes de la responsabilité.
L+ : Qu’attendent du luxe les clients d’aujourd’hui et en particulier les jeunes générations ?
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Photo à la Une : © NellyRodi