Voitures électriques : Pourquoi Apple doit miser sur l’industrie du luxe 


On croyait le projet annulé, ou remis à plus tard, mais Apple aurait pourtant bien relancé ses efforts pour construire son propre véhicule le mois dernier, selon Reuters. Si l’entreprise compte bien commercialiser sa voiture électrique sous sa marque dans trois ans, le développement de ce projet automobile entamé en 2014 ne se ferait toutefois pas sans difficulté, selon Bloomberg.
Une voiture électrique signée Apple, avec beaucoup de promesses sur le design, sur les batteries aussi. C’est pourquoi le créateur de l’Iphone doit cibler le marché mondial de l’automobile de luxe, qui représente 230 milliards de dollars. De cette façon, l’entreprise sera également plus à même d’obtenir l’approbation des investisseurs. En revanche, qui dit automobile de luxe dit Tesla, Mercedes, Ferrari etc… Et la concurrence sera d’autant plus rude que le marché de l’automobile n’a rien à voir avec le marché électronique.
L’appel des alliances à la construction
Tesla est le meilleur exemple qui peut illustrer les erreurs d’un manque d’expérience dans le domaine de l’automobile, avec des problèmes de fabrication répétés et des objectifs de production manqués.
Afin de combler ce même manque d’expérience, Apple va devoir inévitablement collaborer avec des tiers qui l’accompagneront plus facilement dans ce processus d’extension vers l’automobile, que ce soit en terme de fabrication ou de développement. L’entreprise a d’ailleurs d’ores et déjà fait appel à Magna, il y a environ 5 ans. Malheureusement, il n’y a eu aucun aboutissement concret.
Cette fois, l’entreprise pourrait envisager d’étendre sa collaboration avec Foxconn Technology Group qui fabrique déjà des iPhones sous contrat pour Apple et qui s’est lancé récemment dans l’industrie automobile. À titre d’exemple, celui-ci a créé l’année dernière une entreprise commune avec Fiat Chrysler Automobiles. Que demander de plus ?
Autre tiers qui pourrait bien rentrer dans la partie : Hyundai dont les rumeurs évoquent un certain rapprochement avec Apple. Une collaboration pertinente qui pourrait résoudre certains des problèmes qu’Apple a pu rencontrer précédemment pour l’approvisionnement en composants.
Mais la notoriété de la marque ne pourra pas entièrement remplacer le manque d’expérience. Il faut en effet rappeler qu’un fournisseur n’était guère enclin à fournir exclusivement des composants, et ce bien qu’un de ses clients tel que Volkswagen vendait quelque 10 millions de véhicules en 2016.
C’est pour cette raison également que la collaboration avec des groupes possédant une notoriété et de l’expérience dans l’industrie est indispensable. Parmi les alliances les plus réussies : l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Volvo et sa société mère chinoise Geely Automobile Holdings, General Motors et, bien sûr, le partenariat de Hyundai avec le constructeur coréen Kia.
Chacun de ces acteurs ont déjà créé des plates-formes de véhicules électriques dont l’importance est telle que les fournisseurs se battent pour obtenir des contrats. Certains ont également fait part d’une certaine volonté de construire des véhicules pour d’autres marques — VW travaille déjà avec Ford, et GM avec Honda.
Une politique cohérente pour maintenir la stabilité des prix
À noter qu’il y a forcément des inconvénients à faire équipe avec un autre groupe. Seulement, il semblerait qu’Apple n’ait pas vraiment le choix s’il souhaite que son projet voit enfin le jour. Un constructeur sous contrat coûte généralement environ 10 % de plus que si vous fabriquiez le véhicule vous-même, selon Eric Noble, président du cabinet de conseil automobile Car Lab.
Surtout que les marges bénéficiaires dans le secteur automobile sont nettement plus faibles que pour les téléphones Apple par exemple. En 2018, Tesla bénéficiait probablement d’une marge bénéficiaire brute d’environ 30 % sur le modèle 3, selon Bloomberg News. La marge brute d’Apple sur l’iPhone est presque le double de celle de Tesla.
Concernant la stratégie du prix, étant donné que le marché visé est celui du luxe, et que le véhicule sera doté de capacités d’autotraction utilisant la technologie lidar sophistiquée, il devrait être supérieur à 100 000 dollars. C’est indispensable si Apple veut être rentable sur la fabrication.
Selon Reuters, Apple pourrait proposer une plus value s’il parvient à développer une nouvelle technologie de batterie, qui constitue le plus gros investissement dans la fabrication d’un véhicule puisque la pièce ne bénéficie pas d’économies d’échelle en raison du coût fixe des matières premières.
Apple a donc toute ses chances de rentrer dans la courses de l’industrie automobile puisque l’entreprise dispose de grandes capacités technologiques pouvant le différencier de ses futurs concurrents. Mais n’oublions pas que le projet depuis 2014 a rencontré de nombreux obstacles et que plusieurs facteurs évolutifs sont à prendre en compte à chaque fois.
Affaire à suivre.
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Photo à la Une : © Presse
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